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jeudi 1 mars 2012

Photographier les iris (2)

Leçon n° 2 : La prise de vue et la mesure de la lumière.

Une première remarque : le rendu de la couleur n'est pas le même selon que la photo est prise en plein soleil ou à l'ombre à contre-jour ou le soleil dans le dos. Les variations peuvent être très importantes au point de rendre l'iris méconnaissable.
Le soleil va avoir pour effet de "cramer " les blancs et de faire pâlir les bleus. Les "noirs" vont davantage tirer sur le pourpre. Trop d'ombre au contraire va assombrir les couleurs, rendre le blanc grisâtre et enlever du 'peps' aux photos. Les pré-réglages des appareils numériques permettent de jouer sur la température de couleur, mais avec un effet limité.
La température de couleur (exprimée en kelvins) témoigne de la variation de la couleur de la lumière selon le moment de la journée et le type d'éclairage. Ainsi le soleil au zenith a une température de couleur de 5800 K alors que le soleil étant à l'horizon, celle-ci n'est plus que de 2000 K. Une lampe à incandescence a une température de 2700 à 3000 K, une lampe halogène 3000 à 3200 K et la lumière naturelle entre 5000 et 6500 K. Normalement les appareils en mode automatique détectent le type de lumière et il n'y a pas à s'en occuper. Tout en sachant qu'avec certains logiciels, on peut agir plus ou moins finement sur la température de couleur pour améliorer le rendu en post-traitement. [on en reparlera]

On essaiera lorsqu'on voudra avoir une photo la plus proche possible de la "réalité" de se trouver dans des conditions neutres (ni trop d'ombre, ni un soleil violent). Une photo en milieu de matinée donnera, en général de bons résultats.

On s'attachera ensuite à avoir un fond qui mette en valeur la fleur. L'important est que celle-ci se détache du fond.
Constatons d'abord que la couleur du fond peut "contaminer" le sujet principal. Un fond rouge, c'est l'horreur absolue ! Mais un fond vert (une fleur d'iris se détachant à peine d'une masse de feuillage) va refroidir légèrement les tons de la fleur.


Là encore, le fond neutre (le ciel, le plus souvent) est ce qu'il y a de mieux.
Ceci pourtant doit être nuancé : un orange sur un fond vert sombre aura beaucoup de peps !


Pour que la fleur se détache du fond, il faut éviter d'avoir un fond qui présente trop de choses à voir et faire en sorte que la fleur soit la principale source d'informations.
Si l'on ne peut choisir son fond, il faut essayer d'en réduire l'importance. Pour cela, il faut travailler la profondeur de champ : la mise au point se fait sur les barbes et l'ouverture (diaphragme) doit être suffisamment grande pour que l'arrière plan soit flou mais pas trop néanmoins, pour que l'ensemble de la fleur soit net (soit une plage de netteté d'environ 20 à 25 cm).

On peut enfin utiliser une série d'artifices pour rendre la photo plus esthétique (sans pour autant la dénaturer) : prise de vue après une légère ondée : la lumière vient se diffracter dans les gouttes d'eau qui subsistent sur la fleur et c'est assez craquant. À défaut d'ondée une légère pulvérisation avant photo…

Leçon n° 3 : Le post-traitement

D'abord dissipons un malentendu, que l'absence d'explications sur la question des retouches la semaine dernière avait pu créer.
Quand je propose d'effectuer des 'retouches' je ne veux pas transformer la photo pour la rendre plus aguichante, ce qui reviendrait à la dénaturer.
Il s'agit pour parler plus exactement d'un post traitement.  Quelques précisions :

      •Quant on fait (faisait ?) de la photo argentique, la capacité de reproduire sur papier l'image que l'on a voulu immortaliser, dépend (dépendait) :

-de l'émulsion (grain plus ou moins fin, dominante colorée)
-du développement
-du tirage (qualité de la tête couleur etc.)
-du papier.

La plupart du temps on confie ses travaux à des labos qui ont des réglages prédeterminés standard. [A noter, pour ceux qui croient encore pouvoir avoir des photos de meilleure qualité en argentique, que le labo photo d'une enseigne connue (F...) numérise les pellicules pour effectuer le tirage, d'où une importante perte de qualité]. Les résultats sont loins d'être satisfaisants si l'on est exigeant et surtout si l'on souhaite atteindre la ressemblance !

      •Aujourd'hui avec le numérique la situation est très différente :

Sur un capteur (soit un capteur APS [demi-format], soit un capteur plein format [24 x 36]), des photosites captent l'image.
Des algorithmes complexes retranscrivent l'image sous forme de pixels de couleur de façon à ce qu'elle soit lisible sur un écran. Selon la taille du capteur et le procédé choisi, cette image peut peser plus ou moins lourd (3,6 Mo en JPEG fine et jusqu'à 37 Mo en RAW sur mon appareil : un reflex Sony alpha 850 à grand capteur).
Si je choisis le format RAW (brut), les capteurs ont saisi l'ensemble des éléments de l'objet et il me reste à "développer" la photo. Certes, d'emblée l'appareil me propose sa lecture de l'image, mais il me donne la possibilité de corriger les défauts, de faire "monter" certaines informations qu'une mauvaise prise de lumière a pu masquer.
Pour cela, il faut un logiciel qui soit capable de lire le format en question. Il y en a de nombreux, à tous les prix. Certains sont même gratuits, mais tous ne permettent pas tout. Je vais d'abord essayer d'expliquer ma démarche personnelle.
J'utilise Photoshop CS 5 qui possède un module spécifique (un "plug-in") appelé Camera Raw.
Si j'ai bien pris ma photo, je n'aurai pratiquement rien à faire, mais si quelques imperfections subsistent, je vais alors pouvoir les corriger. À l'ouverture de la photo l'histogramme me donne une idée des améliorations à apporter.

Voici un exemple d'une photo d'Air Force One qui est assez nettement sous-exposée :


Une fois la photo ouverte dans Camera Raw, les imperfections apparaissent :


en bleu apparaissent les zones trop sombres (on dira "bouchées") où l'information a été masquée. On voit également sur l'histogramme la sous-exposition (courbe déportée vers la gauche):



on va donc corriger ces défauts en décalant vers la gauche le curseur des noirs pour "déboucher" les zones sombres, et vers la droite le curseur d'exposition pour "éclaircir" la photo.


On ajuste ensuite quelques réglages (clarté, vibrance, saturation) et on constate l'amélioration sensible de l'image.


On revient alors dans Photoshop. Il reste à donner un petit coup d'accentuation (indispensable avec le numérique) et on obtient une photo qui ressemble davantage à ce qu'on avait sous les yeux avant de déclencher :


On constate quand même une perte d'information dans les blancs qu'on pourra aller chercher en utilisant le réglage "tons clairs/tons foncés". Et voilà le résultat :


Enfin on améliorera la lisibilité de l'image par un recadrage horizontal :



Aucun trucage ! Simplement une recherche de l'information masquée. Le post-traitement a pris en tout et pour tout trois minutes. J'ai choisi une image particulièrement ratée. Le plus souvent c'est beaucoup plus simple et donc encore plus rapide.

Bien sûr, tout le monde ne dispose pas d'un appareil capable de prendre des photos en RAW ni d'un logiciel aussi complexe que Photoshop CS 5.

Cela n'empêche pas d'améliorer le rendu des images. Je reviendrai dans 15 jours sur l'utilisation des outils simples à la portée de tout un chacun et de toutes les bourses… [Pas de blog la semaine prochaine pour cause de déplacement.]
Je traiterai également d'une question qui pose problème à tous les amateurs d'iris: comment obtenir le bon rendu de mes iris bleus ou 'noirs' ?

N. B. Sur la retouche photo, il existe des revues (finalement assez coûteuses pour le peu d'informations distribuées) des sites Internet assez performants et inter-actifs et quelques ouvrages spécialisés.
J'en donnerai une liste à la fin de cette étude.

2 commentaires:

  1. Merci, Gérard. Les explications, pour techniques qu'elles soient, sont décrites de façon fort claire et compréhensible pour tout le monde.

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  2. Une bien belle passion qui ne lasse pas de s'étoffer tant les différentes variétés sont nombreuses. Je propose un lien, www.iris-en-provence.com ; on peut visiter les champs d'iris au moment de la floraison, mi-avril à mi-mai de chaque année. Des feux d'artifice de couleurs !

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