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mercredi 14 décembre 2011

Iris de Sibérie



Les iris de Sibérie n'ont pas forcément les pieds dans l'eau !


'Sweets of May' (Marty Schafer/Jan Sacks, 2006). Photo Twiki


Des Iris gracieux et relativement "faciles"

Il est assez difficile de comprendre pourquoi on voit si peu d'iris de Sibérie dans nos jardins. Est-ce le nom qui fait peur, laissant penser qu'ils sont réservés aux pays de grand froid ?
Est-ce l'idée fausse qu'il leur faut un plan d'eau pour bien pousser ?
En fait, les iris de Sibérie, fleurs gracieuses s'il en est, réussissent à pousser là où souvent les iris de jardin ne poussent pas.
Ils aiment un sol neutre à acide, alors que les iris de jardins sont plutôt calcicoles, ils aiment des sols frais et humides en tout cas bien drainés là où les autres préfèrent les sols plutôt secs,  et réussissent aussi à mi-ombre (6 heures quotidiennes de soleil quand même), là où les grands barbus réclament la caresse brûlante du soleil.

Une espèce originaire d'Europe et d'Asie

Iris Sibirica (Photo Wikipedia) 
 Leur nom est trompeur : les Iris de Sibérie ne sont en rien originaire de ces contrées trop froides, mais  d'Europe Centrale, des régions caucasiennes et d'Asie Mineure (Turquie). 
Ce sont des iris apogon (sans barbe) de la section Limniris . La série sibiricae comporte plusieurs espèces : bulleyana, chrysographes, delavayi, forrestii, sanguinea, sibirica..

Ce sont des plantes de terre humide (mais pas inondée). On en trouve de vastes étendues à l’état naturel près du Rhin.

Une culture relativement facile

Comme tous les iris, les sibirica préfèrent un emplacement ensoleillé, mais tolèrent la mi-ombre.
Ils ont besoin d'un sol frais, enrichi d'une bonne quantité de compost et d'un peu de tourbe si le sol est trop compact où trop calcaire. Dans ce dernier cas, on peut envisager de créer une fosse remplie   d'un mélange fibreux (terreau, compost, tourbe, terre de jardin et engrais à décomposition lente).
Ces iris peuvent supporter des froids importants l'hiver, mais ils ne doivent pas manquer d'eau pendant la période végétative. On n'hésitera donc pas à arroser en été par temps sec.
Si ce ne sont pas, à la différence des pseudacorus et des pseudatas des iris "pieds dans l'eau", ils affectionnent la proximité d'un plan d'eau et sont souvent utilisés en bordure de ceux-ci. Le retour en grâce des jardins d'eau en fait un élément décoratif de premier ordre. De surcroît ils fleurissent après les iris barbus. Même après la floraison, leurs hautes et fines feuilles rarement malades, constituent un décor naturel appréciable.
Ajoutons que si les conditions lui sont favorables, c'est un iris qui forme rapidement de belles touffes qu'il n'est pas besoin de diviser fréquemment

Une amélioration continue de la forme et de la couleur 

A partir des espèces botaniques I. sanguinea et I. sibirica, de nombreux croisements ont été opérés qui ont abouti à deux résultats spectaculaires : des fleurs plus amples et surtout une grande variété de coloris


Iris sanguinea (Wikipedia)


Les hybrides modernes présentent souvent des fleurs plus larges, des tiges plus ramifiées et des coloris plus variés, combinant désormais pétales et sépales de couleur différente et marques plus ou moins prononcées sur les sépales.
Cela s’est traduit par des plantes plus vigoureuses, des fleurs plus grandes ou encore des fleurs doubles (en fait par transformation de certaines pièces florales en pétales ou pétaloïdes)
Book of Secrets (Schafer/Sacks 2000) Photo JPW Gardens in Twiki


At The Crossroads (Marty Schafer/Jan Sacks, 2009) Photo Twiki (JanLauritzen)

Imperial Opal (Bauer/Cobble 2001) Une variété à fleur de gardénia…


La révolution des tétraploïdes

Les tétraploïdes sont apparus soit par croisement interspécifiques (notamment avec iris chrysographes) soit par traitement des graines à la colchicine (un alcaloïde tiré du colchique d’automne possédant des propriétés mutagènes : il favorise le doublement des chromosomes après trempage des graines dans une solution à 0,15%).On passe ainsi d'une plante qui possède 28 chromosomes à une plante qui en possède 40. Par la suite on a croisé entre elles ces plantes pour stabiliser le nombre de chromosomes dans la descendance.

Pour en savoir plus, on lira avec profit l'article de Sylvain Ruaud sur son blog du 21/10/2011 :
http://irisenligne.blogspot.com/2011_10_01_archive.html

Concord Crush (2009, Bauer/Coble)
Pour voir des introductions récentes, on peut regarder ce lien qui renvoie au site de la société américaine des Iris de Sibérie :

http://www.socsib.org/introductions.html

Les cal-sib, des beautés encore méconnues

Ce nom barbare a été donné à des iris qui sont le produit d'un croisement entre les iris de Californie et les iris de Sibérie. Le résultat : des plantes qui, possédant la robustesse des Sibiricas sont plus tolérantes quant aux conditions climatiques tout en présentant la large palette de couleurs des iris de Californie.

Les tiges sont généralement plus courtes que celles de l'iris de Sibérie mais plus grandes que celles des Pacificas. Le feuillage est semi-persistant, et les fleurs mesurent de 5 à 7 cm de diamètre. 
Les "cal-sib" poussent mieux lorsqu'ils sont plantés dans un sol riche et bien drainé en plein soleil ou mi-ombre (légère). 
Comme il s'agit d'un croisement inter-spécifique ces plantes sont normalement stériles mais allez savoir…

De nouveaux hybrides



De nouveaux hybrides crées par le Dr Tomas Tamberg, un pionnier de l'hybridation interspécifique offrent des perspectives considérables :
          -les Sibcal (croisement de cal-sib tétraploïdes et de Sino-Sibericas tétraploïdes

          -les sibtosa croisement d’iris sibirica et d’iris setosa (iris japonica) avec en outre une forme tétraploïde (tétrasibtosa)
Sibtosa Duchess (Tamberg/Schafer-Sacks 2002)


          -les chrystosa , croisement d’un iris chrysographes avec un iris setosa : particularité : 39 chromosomes et stérilité dans l’attente d’un croisement qui soit tétraploïde et fécond…



Où trouver ces merveilles ?

On  trouve des iris de Sibérie dans la plupart des catalogues en France (Bourdillon, chez qui on  trouve le bien curieux Helicopter à 6 pétales, et bien sûr, Cayeux). Mais le choix est  restreint et les nouveautés sont en très petit nombre. Les Iris du moulin de Kerwin offrent une vingtaine de variétés, dont certaines asssez récentes.
Pour un panorama complet de l'offre actuelle, il faut se tourner vers l'étranger notamment pour trouver les introductions récentes et les nouveaux hybrides:

          -aux Etats-Unis : Ensata Gardens (dont le site web est momentanément indisponible), qui possède un très vaste choix d'iris non barbus (japonica, siberica) et le plus vaste choix de tétraploïdes.
                                    John Pye Weed's Gardens: http://www.jpwflowers.com/                           
                                    Draycott gardens : http://draycott-gardens.com/otherframe.html

          -en Allemagne : la pépinière de Tomas Tamberg, offre les introductions du maître des lieux, dont le très beau Rauschblau dont la photo en touffe donne une idée de la valeur décorative de ces iris :
photo sur le site http://www.tamberg.homepage.t-online.de/homep36e.htm

C'est une bonne adresse, dans la mesure où l'on échappe aux tracasserie douanières, aux frais de certificat phyto sanitaire et où le règlement peut se faire (pour l'instant) en Euros…

Un livre pour finir pour ceux qui lisent l'anglais : The Siberian Irises de Currier Mc Even (le précurseur de l'hybridation des tétraploïdes) et Jean G Witt (Timber Press 1996)

Bloc Notes


Les joies de l’hybridation

Notre ami Loïc Tasquier s’est principalement consacré au travail d’hybridation pour obtenir de petits iris (petite taille, petites fleurs), ces iris « nains » que les américains appellent SDB (Standard Dwarf Bearded) ou MDB [Miniature Dwarf Bearded]. Mais il utilise aussi les MTB (Miniature Tall Bearded) dont la taille des tiges est celle des grands iris, mais dont les fleurs sont plus petites. On les appelle parfois "iris de table" parce qu'ils permettent de constituer d'élégants bouquets.
Pour Loïc, ""L’idée principale soutenant ce projet est d’obtenir une multitude de petites fleurs sur des tiges gracieuses dont le branchement en candélabre commence très bas. Bien sûr, une remontance précoce serait un bonus. Pour m’approcher de ce but, mes outils pricipaux sont les iris MTB tétraploides issus d’Aphylla créés tout d’abord par Ben Hager, puis par Ken Fisher, Jim Craig and Vicki Craig."

Il a recueilli son expérience de croisements à partir de descendants d’un iris botanique (iris aphylla) sous forme d’un document PDF largement illustré que l’on peut trouver à l’adresse suivante :


La simple consultation des photos montre ce qu’on peut obtenir par de judicieux mariages et la diversité des produits de la soupe génétique. À savourer sans modération !

Ainsi à partir de deux iris : Perfect Interlude (Schreiner 1983)
Photo Twiki
et Northern Jewel (Schreiner 1991) contenant des gènes d'iris Aphylla :
Photo Loïc Tasquier
Loïc a obtenu ceci:


Photo Loïc Tasquier
une amélioration assez nette des parents, dans le genre grand iris, mais aussi ceci :

Photo Loïc Tasquier
un iris de bordure (60 cm) très différent !

La trêve des confiseurs


Bonnes fêtes à toutes et à tous  !


Nul ne l'ignore, les semaines qui viennent sont vouées à la famille, aux maux de tête et aux crises de foie. Irisémoi se met en congé jusqu'au 5 janvier. À cette occasion, nous aurons le plaisir, pour accueillir la nouvelle année, de fureter parmi les iris de Louisiane, histoire de nous dépayser et de rêver.


jeudi 8 décembre 2011

Plaisirs d'automne


Semer à tous vents

Semer des iris est une chose facile en apparence. Mais faire des enfants, comme chacun sait, c’est prendre une responsabilité. Le plaisir de la conception est suivi de la nécessité de l’élevage et c’est là, le plus souvent, que les difficultés commencent !

Que semer ?

Spontanément, les iris ont tendance à produire des graines. C’est la loi du monde vivant : se reproduire est un des défis de l’espèce. Au service de cette nécessité la nature a mis en place un certain nombre de stratégies, voire de ruses.
Les iris se reproduisent par reproduction sexuée donc par transfert et mélange des caractères « males » vers des caractères (le récepteur) femelles. Si les espèces se reproduisent fidèlement par semis, il n'en va pas de même des hybrides qui sont le résultat de multiples croisements. 

Les semis « spontanés »

On appellera ainsi le résultat d’une fécondation « naturelle », c’est à dire sans intervention de l’homme. Elle peut être auto-fécondation si l’insecte pollinisateur a apporté sur le style le pollen de la même fleur. Elle peut être aussi une fécondation croisée, l’insecte réalisant en se déplaçant d’une fleur à l’autre, ce que l’hybrideur aurait pu faire, mais là, sans schéma pré-etabli.
On peut récolter ces graines et les semer, attendre le résultat. Le plus souvent la déception est grande : la fleur ne ressemble à aucun des iris que l’on a dans ses massifs, la tige manque de force ou d’élégance. Pourquoi ?
Les iris actuels, sont le résultats de nombreux croisements dirigés qui ont tendu à faire prévaloir une couleur  ou une forme, et d’une sélection impitoyable qui a éliminé tous les candidats présentant des défauts (manque de matière, fleur mal formée, insuffisance des boutons, mauvais placement de ceux-ci, etc.)

Or, dans le cas d’autofécondation, il arrive souvent que ces défauts réapparaissent, les caractères récessifs l’emportant sur les autres.
Cela veut-il dire que tout est à jeter ? L’amateur, qui n’a pas les impératifs économiques du professionnel, peut se permettre de prendre son temps. On voit apparaître en effet, parmi les caractères anciens qui réapparaissent, des choses qui ne sont pas sans intérêt : vigueur, résistance aux maladies, multiplication. Autant de qualités qui peuvent compenser des défauts (manque d’originalité du coloris, taille de la fleur) et dont on peut espérer conserver quelque chose à la génération suivante en le croisant avec un iris présentant les qualités défaillantes.
C’est ainsi que dans mon jardin est apparu un « intrus » qui présente la particularité de pousser comme du chiendent et de se multiplier comme un lapin (d’où son nom) dans des conditions difficiles au milieu des rosiers.

Comme un Lapin (semis spontané)

J’envisage de l’utiliser comme parent en le croisant avec des iris « modernes ». Toute la question est de savoir s’il est fertile. Faute d’avoir congelé le pollen de cet iris hâtif et d’avoir du pollen congelé d’autres iris, je n’ai pu le vérifier cette année. Je retenterai l’expérience au printemps.

L’hybridation contrôlée

C’est une expérience assez jouissive : car cela revient à créer un iris en fonction de critères que l’on a choisis. Ce n'est pas le lieu pour un discours sur la génétique des iris. Les iris actuels sont le produits de lignées complexes où les hybrideurs ont cherché à faire apparaître des caractères qui n'existaient pas dans les plantes indigènes (par exemple la couleur rose). Les Schreiner's aux Etats-Unis  ont développé des lignes d'hybridation extrêment complexes, dans le but de produire un iris rouge. Ils ont ce faisant crée des merveilles, mais n'ont toujours pas réussi à obtenir un vrai rouge !

La fécondation
La chose est assez simple mais demande un minimum de précautions. Il faut prélever le pollen de la fleur que l’on veut utiliser comme père. Opérer de préférence le matin, sur une fleur dont le pollen est mûr (il est pulvérulent). Le plus simple est de sectionner l’étamine avec une pince à brucelles ou à défaut une pince à épiler. Ensuite choisir la mère : une fleur récemment ouverte qui n’aura pas été visitée par les bourdons. Déposer à l’aide d’un pinceau le pollen sur le stigmate et répéter l’opération sur les trois stigmates.
Voir l’opération en photos très bien décrite et avec de nombreux conseils sur le site de la SFIB :


On conseille ensuite de casser les sépales de la plante mère (sépales qui constituent la « piste d’atterrissage » des bourdons) pour éviter une fécondation non souhaitée. Si on répugne à cette opération, on peut entourer la fleur d’un sachet en gaze.

Le semis

Lorsque la gousse est mure, en été, (on compte environ 3 mois après la fécondation) on récolte précautionneusement les graines et on les laisse sécher.
Puis on les sème…
Pour que le semis lève, la graine doit avoir subi une période de froid qui lève la « dormance ». Un hiver froid y contribue. Mais on peut reproduire artificiellement ces conditions en plaçant les graines dans un sachet au réfrigérateur pendant un à deux mois ou quelques heures au congélateur. On appelle cela la vernalisation. Cette opération permet de semer les graines beaucoup plus tôt et de gagner quelques mois sur la germination et donc la croissance.
Ensuite, on fait tremper quelques jours les graines dans de l’eau claire pour les réhydrater en changeant l’eau tous les jours. Puis on sème dans des pots contenant un mélange léger (1/3 sable, 1/3 terreau ou compost, 1/3 terre franche). On maintient humide.
Il ne reste plus qu’ à attendre que les pousses lèvent. Pour les semis effectués en août/septembre avec une levée précoce, on peut garder les pots en serre froide pour l’hiver où les enterrer dans le jardin en protégeant les plantules du froid par un voile d’hivernage ou un plastique bulle.

Bratislavan Prince x Fall Enterprise (photo prise ce jour)

On remarquera les granulés anti-limaces. Les petites plantules sont en effet la proie de ces charmantes bestioles. On peut ne rien faire, ce qui est une façon de sélectionner… mais c'est laisser beaucoup de place au hasard !

L’élevage

J’évoquais les difficultés. Passée la jouissance de la fécondation qui vous a fait vous prendre pour un dieu créateur et multiplier vos hybridations, il faut vous rendre à l’évidence : 50 graines par gousse en moyenne, un taux de germination de 1 pour deux, vous voilà à la tête d’une jolie petite pépinière. Avec une vingtaine de croisements réussis, vous aurez déjà 500 iris à replanter et pour lesquels il faudra trouver de la place !!!

Dès que les plants auront trois ou quatre feuilles, il faudra en effet les replanter en place, dans un premier temps avec un espacement de 10 cm, puis dès lors qu'ils auront atteint une taille suffisante à une distance de 30 cm.

Il est assez rare que des iris semés en Août fleurissent dès le printemps suivant, mais cela peut se produire. En règle générale, il faudra attendre un an de plus et c'est là que commence le dilemme : que garder que jeter. Si l'on veut être très "pro" et être fier de sa progéniture, il faut être sévère dans le rôle d'"éliminator". Ne garder que les meilleurs (rien en dessous de 5 boutons, veiller au placement de ceux ci sur la tige : bien espacés et détachés; qualité et forme de la fleur, originalité du coloris, vigueur de la plante). On peut déjà éliminer les 2/3 des plants. Un jugement définitif requiert deux ou trois ans d'observation, après quoi, on élimine encore. Comme dirait notre ami Loïc, au final, ça fait de la place (pour recommencer l'aventure !). Certains croisements peuevent donner beaucoup de bonnes chose, d'autres, rien du tout. C'est la magie le chose. En attendant il ne reste qu'à rêver !

Des iris à Noël

À Automne exceptionnel (les températures moyennes les plus élevées depuis 80 ans), végétation exceptionnelle ! Dans nos jardins, les remontants continuent de fleurit. Deux nouveaux pieds de Belvi Queen ont entamé leur floraison avec chacun 5 à boutons en attente. Si tout va bien, ils devraient encore être en fleur à Noël. Même chose pour Autumn Circus.
Je continnue de recueillir les données pour tenter d'établir une liste des remontants les plus solides et les plus constants. Elle sera publiée la semaine prochaine ou dans 15jours.

En voici deux qui ont fleuri en Sologne :

Photo J.F.


Photo J.F.


mardi 29 novembre 2011

Adopter des spurias

Marylin Holloway

Le faible place réservée aux spurias dans nos jardins ne cesse de susciter chez moi étonnement et interrogations. Pourquoi la plupart des catalogues des producteurs ignorent-ils cette plante si gracieuse et de culture si facile,  et qui, fleurissant plus tard que les grands barbus prolonge de quinze jours au moins le plaisir d'iris ?

Comme un barbu sans barbe…


Origine


 Les spurias font partie de la grande famille des iris sans barbe ou "apogons" [ce qui signifie en grec la même chose] comme les iris de Sibérie ou notre iris national l'iris pseudacorus.
Les spurias appartiennent à une sous-famille du genre des iris : Limniris.


William Curtis in The Botanical  Magazine
Particularités


C'est un iris de grande taille (1,30/1,50 m) aux feuilles étroites et élancées qui forme rapidement d'imposantes touffes.
Les tiges florales portent des boutons qui s'ouvrent successivement. Quelquefois une tige peut porter plusieurs boutons ouverts en même temps. D'une grande élégance les spurias forment de splendides bouquets.

Touch of Lace (Photo Jérome Boulon sur le site de la SFIB)


Des soins de culture particuliers pour une floraison assurée


      • l'exposition : une exposition ensoleillée est préférable, mais les spurias peuvent se contenter d'une demi-journée de soleil et d'une ombre légère

      • le sol : les spurias ne sont pas des "iris d'eau". Ils demandent un sol bien drainé, neutre à légèrement alcalin, plus consistant que sableux et surtout fertile. Les iris resteront en place une dizaine d'années, il ne faut donc pas leur mesurer la nourriture.

       • la plantation : La meilleure période pour les planter est sans doute le mois de septembre, avant que la plante n'ait "fait" ses nouvelles pousses (on peut planter plus tôt dans les régions froides, afin que la plante soit enracinée avant l'hiver). C'est le moment de diviser les vieilles touffes. Utiliser pour cela un griffe ou un croc à pommes de terre, détacher les rhizomes de la périphérie avec un couteau solide ou mieux avec un sécateur (le rhizome est assez dur). Conserver le maximum de racines qu'on évitera de couper. Qu'il s'agisse de rhizomes issus de division ou de rhizomes achetés chez un professionnel, la règle est la même : "sitôt reçu, sitôt planté", sinon les racines risquent de se dessécher et l'iris d'en mourir. Si on n'est pas en mesure de planter tout de suite, il convient de garder le rhizome dans un sachet plastique avec de la tourbe humide.
On préparera donc le trou de plantation à l'avance en incorporant l'engrais (fumier, engrais composé mais aussi un bon engrais organique à décomposition lente comme la corne broyée).
À la différence des"iris de jardin", les spurias doivent être recouverts de 2 à 3 cm de terre environ.
Ne pas oublier d'arroser abondamment, même s'il pleut, pour tasser la terre et éviter les poches d'air, puis de façon régulière jusqu'à la reprise.


      • l'entretien : il faut veiller les deux premières années surtout, à ce que la plante ne manque pas d'eau pendant les périodes de sécheresse. Pour le reste l'entretien se borne à enlever les feuilles sèches en été, à couper les tiges florales fanées (pour éviter les semis spontanés) et à distribuer un peu d'engrais au début du printemps et à l'automne (une poignée autour de chaque touffe). Pour autant qu'on évite l'excès d'azote, les spurias ne sont guère sujet aux maladies, les feuilles sont rarement tachées, ce qui fait que, même défeurie, la plante garde un intérêt décoratif.




Les spurias aujourd'hui


Les espèces


Les spurias actuels sont le résultat d'hybridations à partir des différentes espèces : iris spuria maritima, iris orientalis, iris ochroleuca.

Iris spuria maritima (Photo David Delon Wikipedia)

Iris Spuria Orientalis (Photo Denis Prévôt (Wikipedia))











'Always A Mystery' (Anna & David Cadd, R. 2002). Photo TWiki


les variétés modernes


A l'issue de croisements multiples entre espèces, puis entre hybrides, les producteurs ont amélioré la forme, la floribondité et crée de nouvelles couleurs. Au blanc et jaune et au bleu dominants, sont venus s'ajouter le rouge, le bronze, le rose et toutes les nuances de bleu renforcées par la couleur du signal (la tache sur les sépales)










Photo J. Boulon (sur le site de la SFIB)
Les producteurs Français se font peu frottés à l'hybridation : à la fin des années 1980, Pierre Anfosso (Iris enProvence) a crée plusieurs beaux spurias (qu'on peut encore admirer sur le blog de Laure Anfosso : http://iris-en-provence.fr/?cat=44 ). Malheureusement, à ce jour, ils ne sont plus commercialisés.
Lawrence Ransom (Iris au Trescols), dont on connait la rigueur et l'exigence, a mis à son catalogue cette année trois obtentions issues d'un croisement avec pour mère Iris ochroleuca Gigantea, une espèce de taille impressionnante et pour pères des des iris isus de graines provenant du jardin du Dr Segui.
Le résultat est plutôt une réussite, qu'on en juge : 
Eclatant (Photo L. Ransom)


André Cavaillé (Photo L. Ransom)

Bienvenue (Photo L. Ransom)

Où trouver des spurias ?


En France :


On trouvera les trois variétés ci-dessus chez Iris au Trescols ( http://iris.au-trescols.net/wp2/ ).

Le catalogue de Richard Cayeux ( http://www.iris-cayeux.com/index.php ) offre quant à lui une dizaine de variétés issues de producteurs américains.

Les "Iris du moulin de Kervin" en Bretagne : (http://iris-de-bretagne.imingo.net/) en proposent 6, la plupart dans les tons bruns.

Chez "Senteurs du Quercy" (ttp://pack.aspeco.net/pepiniereiris/1594/boutique/col394/iris_spuria394.htm)
 on trouvera  Marilyn Holloway, Sierra Nevada, Ila Crawford
Aux Pays-Bas
Chez Marianne Joosten (http://www.kwekerij-joosten.nl/text/index1.html) ['catalogus' puis 'iris overidge'] cinq variétés : INNOVATOR, HIGHLAND LAVENDER, JUBILANT SPIRIT, MISSOURI BEAUTY, NORTHERN MOSE 


Aux Etats-Unis :


Les hybrideurs américains sont les plus productifs et, en la matière, donnent le ton. Une société d'amateurs, la SIS [Spuria Iris Society] ( http://www.spuriairis.com/index.htm) propose, outre une intéressante galerie de photos, une liste des producteurs avec indication de leur site.

A noter qu'il est possible, si la demande est suffisante, de participer aux commandes groupées de la SFIB (seule condition : être adhérent). Cette solution permet de partager les frais conséquents des certificats phytosanitaires et de ne pas s'encombrer des formalités d'importation. Ce qui rentabilise avantageusement l'adhésion à la SFIB qui offre par ailleurs de nombreux autres centres d'intérêt. (http://www.iris-bulbeuses.org/ )






mercredi 23 novembre 2011

Quels remontants ? Pour qui ?

Encore les remontants !


Cette livraison doit beaucoup aux contributions des amis de la SFIB qui m'ont fait part de leurs expériences en la matière. Qu'ils en soient remerciés. Ceci complète par l'exemple et quelques illustrations, les éléments avancés la semaine dernière. La réflexion reste ouverte…


Ce blog est en effet le vôtre. Vos observations sur les remontants fidèles, occasionnels ou furtifs, permettent de mieux comprendre les mécanismes à l'œuvre dans le phénomène de remontée, ainsi que la complexité de la chose. Pour ne prendre qu'un exemple, Jurassic Park, que nous voyons ici en fleur en octobre au jardin botanique de Tours :


                 Iris remontant
semble de remontée très moyenne dans la région de Hyères, comme me le fait remarquer Laure Anfosso.




Vos remontants préférés ou fidèles

      Région Centre


Photos Jérome Boulon
Toujours au Jardin Botanique de Tours, ces photos d'iris sans indication de nom ! Un comble pour un jardin botanique…
Il semble que le premier pourrait êttre Cayenne Capers et le dernier Autumn Circus. Si quelqu'un a une idée pour les autres …

 Pour Sylvain, Lichen (Monty Byers 1988) est un remontant assez régulier. C'est un iris dont la couleur peut varier du gris clair jaunâtre au gris verdâtre, ou comme sur la photo jaune citron lavé d'une touche verdâtre. Sa parenté (Spirit of Memphis X Earl of Essex) laisse paraître l'influence de Spirit of Memphis pour le coloris. Earl of Essex, un plicata violet est-il responsable des gênes influant sur la remontée ? On constate en effet l'importance des plicatas parmi les remontants et 'Earl of Essex' n'est pas le dernier à refleurir.
Photo Sylvain Ruaud


Dans mon jardin, seuls les plicatas ont daigné montrer leurs fleurs en cet automne (Autum Circus, Belvi Queen (un increvable qui refleurit en trois endroits distincts))


En Sologne, une remontée assez forte de Foxy Lady ( John Nelson 1988) : 


Photo J.F.


 Un coloris rose et chamois issu d'une lignée qui comprend : 'Private Label' X ('Buffy' x ('Glacier Sunset' x 'Burnished Rose'))


Nordica (William Maryott 1991) Un blanc voyant à barbe rouge issu de  ('Radiant Energy' et 'Oktoberfest') deux iris du même Maryott qui ont comme parent commun Hindenburg présenté parfois comme remontant. 


Photo J.F.

mais aussi, Champagne Elégance, English Charm, Mariposa Autumn, Mother Earth, Nicole Prud'homme, Stairway to Heaven, Tennisson Ridge, Time and Again…







 Photo J.F.
'Stairway to Heaven' (Lauer 1993). Un iris qui n'est pas généralement présenté comme remontant, qui ne manque pas de classe et offre une forme moderne. Il a reçu la médaille de Dykes 2000.



Time and Again (Ben Hager 1991) Photo Nola's Iris Garden (TWiki)





   •Dans la région méditerranéenne


Laure Anfosso (Iris en Provence) m'a fait part de ses observations que je vous livre comme telles :

-          Bonne remontée :


 AUTUMN ECHO - BLATANT- CAMEO BLUSH – CEE TEE – EARL OF ESSEX – MIDNIGHT CALLER – PINK ATTRACTION – PURE AS GOLD – REDELTA – STARSHIP - WHITE REPRISE – WIND OF CHANGE et WINESAP, 


dans les Intermédiaires ANGEL HEARTS et  SEASON TICKET? et dans les nains BABY PRINCE, DOUBLE BYTE, GOLDEN CHILD et SENECA REBOUND.
Seneca Rebound (Dana Borglum. 1995)  Photo TWiki
-          Remontée moyenne


CHAMPAGNE ELEGANCE – CHINA NIGHTS – CLARENCE – DOUBLE BUBBLE – DOUBLE CLICK – DOUBLE VISION – ENGLISH CHARM – FOXY LADY – MOTHER EARTH
Photo J.F.



 – PAPILLON D’AUTOMNE - RETURN TO SENDER – SPIRIT OF MEMPHIS - VIRGINIA BAUER – VIVA MEXICO.





-          Remontée très moyenne
BONUS LITE – JURASSIC PARK – ROMAN CARNIVAL.




   •Dans le Sud Ouest

St Petersburg
Rosalie Figge
Autumn Circus


Mariposa Autum ( Tasco 1999) avec encore comme parent Earl of Essex



Photo Clusiana
Buckwheat (Monty Byers, 1988) issu comme Lichen (auquel il ressemble beaucoup) de Spirit of Memphis croisé avec 'Soap Opera' de Ghio qui possède des caractères remontants.
Photo Clusiana

En Auvergne

'Clarence' - (Zurbrigg 1990) Un remontant plein de grace et très lumineux


Photo TWiki
'Iceland' - Byers 90,
'Jean Guymer' - Zurbrigg 76,
'Northward Ho' - Zurbrigg 90, Un joli plicata couleur fraise, de forme assez moderne.


'Summer Holidays' - Zurbrigg 79'
Photo Nola's Garden (TWiki)
'Tommorow's Child'- Blyth 81,
'Winterland' - Byers 89, 
'Zurich' - Byers 89.

  •En Normandie

 Rosalie Figge fleurit régulièrement. Rappelons que cet iris (voir photo dans le blog de la semaine précédente) assez constant est issu de deux solides iris à dominante bleu violet ('Titan's Glory' X 'Violet Miracle')


  •Signalons enfin, que nos amis "montagnards, qui se désolent de la courte saison végétative qui rend souvent difficile toute remontée voient parfois fleurir Early Frost un iris intermédiaire blanc (Gatty 1976) de forme élégante :
Photo TWiki
et un iris nain, déjà "historique" : 'Lieutenant de Chavagnac' (Charles André 1926)
Photo de Jean Peyrard (sur le site de la SFIB)
Pour l'historique de cet iris voir sur le site de la SFIB :
http://www.iris-bulbeuses.org/iris/Lieutenant-Chavagnac.htm


Peut-on identifier des régions en fonction du critère de remontée


Le succès dépend de plusieurs facteurs, nous l'avons dit : de la variété et de son patrimoine génétique, de la nature et de la qualité du sol (difficile de réussir des iris dans une terre acide), de l'exposition (pas de floraison à l'ombre dense), mais aussi des conditions climatiques générales et de la météo de l'année.
La France pour avoir un climat d'ensemble tempéré n'en connaît pas moins des variations fortes, en fonction de l'altitude ou de la pénétration des influences océaniques.
Peut-on, comme on le fait aux Etats-Unis définir des grandes régions aux caractéristiques singulières ? Tout d'abord, il faut comprendre que les grandes zones nord-américaines n'ont guère de validité pour notre pays. La disposition très particulière du relief nord-américain fait que les masses d 'air froid venues des pôles pénètrent sans rencontrer d'obstacle jusqu'à la Louisiane en hiver. Inversement, les tempêtes tropicales balaient les grandes plaines du Middle West à la fin de l'été. Seule peut-être la Californie pourrait trouver une correspondance dans le Sud-Est méditerranéen (Languedoc, Provence Cote d'Azur). 
On peut néanmoins essayer de distinguer 6 grandes zones : le Massif Armoricain, le quart Sud Ouest, Le sud-Est avec le littoral méditerranéen, le Centre de la France (une vaste zone qui correspondrait à la région Centre et à l'Ile de France), le Nord Est et enfin les pays de moyenne montagne. Mais la pertinence de ce classement reste à établir en fonction des observations. Pour l'heure nous n'en n'avons pas suffisamment pour étayer valablement un classement régional. 


Les conditions d'une bonne remontée


Tous les heureux possesseurs de remontants insistent sur l'importance de l'humidité estivale (soit naturelle, soit par irrigation). Là où les étés sont torrides (Ardèche, Touraine parfois) sans arrosage pas de remontée.
La plupart ajoutent un fertilisant (voir les conseils dans leblog précédent). J'ai constaté que des iris vagabonds qui s'étaient aventurés dans les graviers de l'allée, montraient une tendance plus soutenue à croître et à refleurir. Ce qui s'explique sans doute par le fait que les graviers emmagasinent la chaleur la journée etla restituent ensuite, provoquant un effet semblable à une plantation le long d'un mur bien exposé.  On déconseille généralement le paillage qui empêche le rhizome de recevoir le soleil. Je me demande et je vais l'essayer, si l'utilisation de paillettes d'ardoise (c'est très décoratif) n'aurait pas la même infleunce.


à suivre donc…




Merci encore à toutes celles et à tous ceux qui ont eu la gentillesse de me faire part de leur expérience et de m'autoriser à utiliser leurs photos. Les miennes sont de même libres de droit.


Automne doux, vigilance nécessaire


Les conditions météorologiques exceptionnelles de cette année ont des effets positifs spectaculaires : croissance et refloraison exceptionnelle, mais aussi des effets pervers :
    -une poussée d'hétérosporiose qui n'épargne pratiquement rien. Alors que normalement, à cette époque, les traitements sont devenus inutiles, il ne faut pas hésiter si nécessaire à intervenir : enlever systématiquement les feuilles atteintes et couper le feuillage malade. Traiter à la bouillie bordelaise ou avec un fongicide systémique. [De plus en plus de produits sont aujourd'hui interdits (le Mancozèbe vendu sous la marque Dithane M 45 sera introuvable à la fin du mois)].
    -des attaques de pourriture bactérienne inopportunes à cete saison. Ce matin, dans mon jardin c'est au tour de 'Fancy Woman' récente acquisition dont je ne sais pas si je parviendrai à sauver  un morceau. La maladie insidieuse ne se voyait pas. C'est en tirant sur une feuille tachée que j'ai constaté les dégats. Ne pas relacher la vigilance!!