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jeudi 10 novembre 2011

Préparer l’été


Préparer l’été



'Reversi'   (Sutton 2006) 


Le titre peut paraître bizarre, alors que tous les amateurs d'iris attendent avec impatience le printemps qui va voir fleurir les nouvelles acquisitions ou les "bébés" issus d'une savante hybridation.
Pourtant c'est bien maintenant qu'il faut préparer son sol pour y planter de nouveaux iris l'été prochain où y déplacer ses cultures.

Quel sol pour nos iris ?

On lit souvent que l’iris se plait en tout sol. Certes c’est une plante très tolérante, mais il faut y regarder de plus près !
Dans tous les sols ou presque on peut cultiver des iris. Le « presque » concerne pour les iris « barbus » les sols humides voire fangeux ainsi que les sols trop acides. Dans les premiers ils pourriront, dans les second ils se développeront peu et fleuriront mal, s’ils fleurissent.
L’iris est globalement une plante plutôt calcicole qui préfère les sols alcalins aux sols siliceux.
De même qu'on goûte sa soupe avant de remettre du sel, avant de planter ses iris, on cherche à connaître son sol, sa nature, sa composition, sa fertilité, plutôt que d'y déverser à l’aveugle des engrais et amendements divers.

Connaître son sol

Est-il « lourd », « léger », sableux. Est-il neutre, acide ou alcalin ? Quel est son PH ?
Bien sûr si déjà des iris y poussent  et croissent sans problème vous pouvez passer à la rubrique suivante, encore que…

Qu’est-ce qu’un sol ?

   Un sol, c’est ce qui s’est développé par dégradation ou (et) accumulation sur la roche mère. Ce sol peut être plus ou moins profond (de quelques centimètres à plus d’un mètre). Il est généralement composé de deux « horizons » : l’horizon superficiel ou couche arable, riche en humus et qui concentre l’essentiel de la vie microbienne et animale. L’horizon inférieur de même nature mais ne contient pas d’humus.
Plus le sol est « profond », plus les possibilités de culture sont étendues.
Le sol va se caractériser enfin par sa composition chimique, sa granulométrie et sa perméabilité.

    Nature et composition chimique du sol.

Un sol est le plus souvent complexe. Une terre de jardin comprend en général 3 ou 4 éléments : de l’humus (de couleur brune ou noire) du sable, de l’argile, du calcaire dont la présence importante setraduit par une coloration blanchâtre du sol.
Ce sont les proportions de ces éléments qui peuvent varier considérablement. Les sols trop riches en humus ont une dominante alcaline peu propice aux iris. Les sols trop argileux retiennent l’eau en hiver et provoquent l’asphyxie des racines. Les sols trop sableux sont pauvres et ne retiennent pas bien l’eau en été, nécessitant des arrosages fréquents par temps sec.
L’idéal est une terre équilibrée (par exemple 10% d’humus, 10 à 20% de calcaire, 20 à 30 % d’argile et le reste de sable). Mais l’équilibre idéal n’est pas toujours atteint, et quand c’est nécessaire, il convient d’amender le terrain.
On reconnaît un sol argileux à deux caractéristiques simples : l’eau y stagne, la terre l’absorbant mal ou lentement. Collante en hiver, la terre forme un bloc sec et fissuré en été.
En fait on peut connaître la nature de son sol de plusieurs façons :
        -on prélève une poignée de terre humidifiée que l'on presse fort dans sa main et qu'on laisse ensuite retomber sur le sol. Si la terre reste compacte c'est que le sol est argileux, si la boule se désagrège c'est que le sol contient une forte proportion de sable.
         -on regarde la végétation qui pousse spontanément : la présence de renoncules (boutons d'or) indique un sol argileux, des fougères aigle et de la bruyère un sol acide. 
         -on peut affiner l’analyse en versant un litre d’eau dans un bocal transparent puis environ une livre de la terre du jardin : secouer, laisser reposer. Au bout d’une journée, la terre se sera déposée par couches successives : les éléments grossiers et le sable au fond, puis l’humus et enfin les particules fines d’argile. On peut ainsi avoir visuellement une idée des proportions de chaque composant, des manques et des amendements à apporter      .
         -on peut enfin avoir une idée  de l’acidité du sol en utilisant du papier réactif (type papier tournesol ou papier PH) qui sert à mesurer le P.H. (potentiel hydrogène) exprimé par un chiffre de 4 à 8. Plus le chiffre est bas, plus le sol est acide, plus il est élevé, plus il est alcalin. Pour les iris un sol de pH 6 à 7,5 est idéal.
         -si on répugne à toutes ces manipulations, on peut en confier le soin à un laboratoire spécialisé (voire à une jardinerie) qui fournira l’analyse du sol, déterminera ses manques et les amendements nécessaires.

Corriger son sol

1-   Les « amendements »

Ce constat fait, on améliorera un sol trop acide ou sableux à l’excès par l’apport de calcaire sous forme broyée s’il y en a à proximité, de marnes ou de varech (même remarque) ou plus simplement de chaux dite « agricole » qui est de la chaux éteinte.
Le chaulage doit être pratiqué en connaissance de cause et avec modération, de préférence sur un sol nu. On utilisera de 10 à 20 kg de chaux par are à l’automne avant bêchage, la quantité variant en fonction de l’importance de la correction nécessaire.
La chaux « mangeant » l’humus, on évitera de faire un apport de fumier ou de compost en même temps.

Un sol trop lourd pourra être corrigé par l’apport de sable et de compost. Ce dernier élément est un améliorateur universel des sols. Cela étant, s’agissant des iris, il importe d’incorporer le compost en quantités raisonnables et longtemps avant la plantation pour éviter un enrichissement excessif en azote qui favoriserait bactéries et pourritures.
        
         2-Les engrais

Dans un sol équilibré, ils ne sont pas nécessaires, sauf en entretien (une poignée par touffe au démarrage de la végétation et après la floraison). En règle générale, lors de la préparation du terrain, on enfouira un engrais composé pauvre en azote et riche en phosphore et en potasse (les lettres P et K sur les sacs d’engrais). On préférera un engrais organique (type corne broyée) dans la mesure du possible. Sinon un engrais du commerce du type 0/10/20.

Préparer son sol

Le sol sur lequel on va planter ses iris doit être propre (débarrassé de ses mauvaises herbes) et sain.


Retourner ou pas son sol ?

La question hier saugrenue, divise aujourd’hui les jardiniers. Les tenants du labour disent qu'il faut retourner la terre d'un fer de bêche, afin d'éliminer les mauvaises herbes et de l'aérer. Pas du tout répliquent les jardiniers bios : en retournant la terre vous enfouissez l'horizon superficiel du sol (la couche d'humus) siège de la vie bactérienne et de nombreux organismes qui constituent l'élément vivant du sol.
Ainsi de plus en plus voit-on les jardiniers adeptes des méthodes douces préconiser l'usage de la grelinette qui aère le sol sans le retourner. La grelinette ( marque déposée) est une sorte de fourche à 4 dents pourvue de deux manches et qu'on manipule d'avant en arrière sans soulever la terre. Très bon pour le dos !




Fourche à bêcher Ducoterre (image Wikipedia)





la fourche à l'œuvre  (image Wikipedia)

Cette méthode « douce » suppose de fréquents passage et un arrachage des adventices (les 'mauvaises herbes' qui n'ont pas toutes mérité ce nom infâmant)
Pour le jardinier traditionnel, un retournement du sol à la fourche bêche ou au motoculteur s'accompagnera d'un enrichissement du sol.
Pour les amateurs des cocktails chimiques ou les jardiniers fatigués, le désherbage pourra se faire en utilisant, par temps sec, une solution de glyphosate qui est un désherbant de contact (et ne détruit en conséquence que ce qu’il touche). J’ai pour ma part de fortes préventions contre le glyphosate présenté par Monsanto comme un désherbant entièrement biodégradable. Dans sa 'version Monsanto' (le célèbre et onéreux Round Up), ce qui a été mis en cause par certaines études scientifiques, c’est l’adjuvant (agent mouillant) qui aurait des effets tératogènes. De toute façon la molécule de glyphosate a un effet néfaste pour les organismes aquatiques et déforme les fleurs d’iris dès lors qu’une goutte du produit a touché un rhizome. 


Donc, si on peut éviter, c’est mieux. Ce point de vue n'engage que moi !

Une fois le sol travaillé, il n'est pas conseillé de le laisser nu, car il est ainsi exposé au lessivage qui entrainera les éléments fertilisants en profondeur sans profit pour les plantes. Il est alors judicieux de semer un engrais vert, comme la moutarde qui a l'avantage de pousser vite, de désinfecter les sols et de constituer un engrais efficace. On coupe la moutarde quand elle a atteint 20 cm et on la laisse se décomposer sur le sol. Cela se fait de préférence en septembre. Aujourd’hui, il est un peu tard.
On peut aussi "pailler" le sol. On évitera le BRF (bois rameal fragmenté) qui demande du temps avant de se décomposer et les écorces de pin qui acidifient le sol. On lui préférera des paillis de lin ou de chanvre qu'on incorporera en fin de printemps.


Ainsi votre sol est prêt à accueillir vos nouvelles acquisitions ou les iris que vous dédoublerez cet été !


Les iris remontants


Jurassic Park (octobre 2011 Jardin botanique Tours)

Le climat clément de ce bel automne (ici) favorise la "remontée" des iris.
On appelle "remontants" des iris capables de fleurir deux fois : au printemps, comme il est d'usage et en automne, ce qui reste assez rare.
La plupart du temps, seules certaines variétés présentent des gênes qui favorisent cette seconde floraison. Parfois des iris qui ne sont pas habituellement remontants fleurissent une seconde fois, comme cela a été le cas dans certains jardins cette année.
Quand on dit qu'un iris "refleurit", cela veut dire que le rhizome principal (qui a fleuri en mai) a donné naissance à des rejetons qui ont grossi suffisamment pour porter des fleurs en automne.
Certains en tout cas remontent régulièrement comme celui-ci, (dans mon jardin). Il n'est pas particulièrement original, mais au moins il fleurit !

On en reparle la semaine prochaine !







Belvi Queen (Jensen 1975)



2 commentaires:

  1. bel article !
    Pour ce qui est de l'opposition jardiniers" traditionnels" et jardinier "bio" en ce qui concerne le bêchage du sol , il faudrait peut être rapeler à ces derniers que nos grand-pères , et des dizaines de générations avant eux ( certainement même des centaines) retournaient le sol d'un fer de bêche pour à la fois couper les mauvaises herbes et enfouir l'humus de surface qui fournira ensuite la nourriture aux futures plantations et semis , ils avaient me semble-t-il quand même des récoltes, non ? La grelinette ne suprime pas les adventices.
    Tout à fait du même avis en ce qui concerne le glyphosate ....
    Pour le paillis j'utilise depuis 2 ans le lin et j'en suis très satisfait, il se dégrade bien et s'incorpore facilement au sol quand on le bêche, ce qui avec une grelinette n'est pas facile à faire ....

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  2. Le mode de culture bio est un tout : le paillage limite la pousse des adventices ; l'utilisation de la grelinette permet ensuite son incorporation. Cette méthode présente pour ses partisans deux avantages : ça évite de "casser" le dos, mais surtout ça préserve la structure des couches du sol.
    Personnellement, je pense qu'il faudra faire un bilan dans la durée. J'ai essayé la méthode du BRF et je ne suis pas totalement convaincu. Mais je suis d'accord avec toi, Jean-Luc, le bêchage a donné depuis longtemps des résultats satisfaisants. Ceci dit, pour conforter les bios, on pratique moins aujourd'hui les labours profonds qui obligeaient en contrepartie à utiliser beaucoup d'engrais chimiques.

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