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jeudi 13 octobre 2011

Comment ne pas mélanger ses iris ?


Barbanera (Bianco 2001)


Retrouver ses petits


Les amateurs se plaignent souvent que leurs iris "changent de couleur". Un débat sur cette question a animé l'an dernier le forum de la SFIB sans qu'on puisse être sûrs que les arguments sérieux avancés aient vraiment convaincu.
Or s'il y a une chose dont on peut être sûr, c'est que, compte tenu du mode de multiplication des iris, chaque tronçon de rhizome porte les mêmes gênes et reproduit fidèlement les caractéristiques du plant mère.
Donc si l'on constate que là où l'on a planté un iris jaune pousse un iris bleu, c'est qu'il s'est passé quelque chose. 
Essayons de comprendre quoi !
1° Si l'on a planté plusieurs sortes d'iris, il se peut qu'un iris, plus vigoureux que les autres se soit développé fortement et que les rhizomes plantés trop près se soient enchevêtrés. La solution est simple : on arrache les rhizomes avec précaution et on essaye de les séparer les uns des autres puis on les replante en maintenant une bonne distance entre eux. L'année suivante on devrait retrouver ses iris jaunes.

2° Si l'on n'a planté que des iris jaunes, c'est qu'il y a un intrus qui s'est imposé au détriment de celui qu'on a planté. Comment cela est-il possible ? 
-Le cas le plus simple c'est la subsistance d'un fragment de rhizome antérieur qui s'est vigoureusement développé au détriment de l'iris planté. Même solution que précedemment.
-Mais il se peut aussi que se soit produite une fécondation naturelle de l'iris jaune (par des bourdons) et que les graines ayant germé aient produit un iris de couleur différente et, (c'est souvent le cas) plus vigoureux que celui qu'on a planté avec le risque, dans une lutte pour l'espace, de disparition de ce dernier.
Quelques explications sont nécessaires.
Les iris horticoles actuels sont le résultat de multiples croisements (depuis près de deux siècles) qui ont produit des variétés très différentes du type. Des croisements internes à l'espèce entre des types différents ou des croisements entre espèces (dits "interspécifiques") ont produit des modifications de grande importance, notamment par le passage d'une espèce diploïde (possèdant 2 paires de chromosomes) à un cultivar tétraploïde (possédant 4 paires de chromosomes). 
Et cela change beaucoup de choses et ouvre des possibilités infinies de variations de couleurs et de formes en croisant la descendance de ces iris.
Il en résulte qu'il est impossible par semis de reproduire fidèlement la variété que l'on possède.
Si la fécondation de l'iris est laissée au hasard (les bourdons qui viennent récolter le pollen), il y a de fortes chances pour que les bébés présentent des caractères "anciens" (on dira récessifs). Et on verra surgir dans son parterre, un iris aux couleurs nouvelles différentes de ce que l'on avait planté. Pour peu que cet iris soit plus vigoureux, au final il fera disparaître ce dernier.

Comment éviter ces inconvénients ?

Il faut un minimum d'ordre et de soin dans la plantation et la gestion de ses plantations

Planter en laissant suffisamment d'espace entre les variétés.

Planter trop serré donne des résultats rapides en termes de floraison, mais c'est la porte ouverte, compte tenu de la vigueur différente des variétés, à toute sorte de mélanges.
Quand on a de la place, le plus simple est une plantation en ligne avec un espacement des rhizomes de 30 à 40 cm et une distance de 80 cm à 1 m entre les lignes.
Prévoir de diviser tous les trois ans.

Faire un plan de plantation

Quand on a beaucoup de variétés, ce qui est le cas de beaucoup de collectionneurs amateurs, il est nécessaire de faire un plan de plantation sur papier (sur un cahier de préférence). C'est le seul moyen de préservation pérenne. 

Etiqueter les iris soigneusement

Et là, le casse-tête commence. Quel type d'étiquette ? Quel marquage durable ?

-Les étiquettes les plus courantes sont les étiquettes en plastique jaune, vendues dans les jardineries et sur lesquelles on écrit avec un feutre indélébile.
Ces étiquettes sont en fait une solution très aléatoire. Elles coutent relativement cher, elles résistent mal au temps et deviennent cassantes. Quant au feutre indélébile, l'encre s'efface en un an ou deux avec le soleil. Si l'on a recours à cette solution, le mieux est d'écrire le nom au crayon à papier, beaucoup plus fiable.
Ici le nom est effacé au bout d'un an …

-Les étiquettes en zinc avec crayon spécial (qu'on peut aussi graver avec une pointe ou une "Dremel") ont pratiquement disparu du commerce. C'est bien dommage car c'est une solution durable

-Les étiquettes en ardoise avec feutre spécial blanc (solution utilisée au Château du Rivau). Avec de bonnes ardoises (retaillées aux dimensions adéquates) ça devrait tenir.

-notre ami Loïc Tasquier utilise une solution originale : graver le nom sur des lames de volets (redécoupées) en aluminium;

- j'utilise maintenant des étiquettes imprimées sur un papier épais (160 g) puis plastifiées ( à l'aide d'une plastifieuse du commerce) et redécoupées. Ça ne revient pas cher et si on s'y prend bien, ça devrait durer.




Aucune de ces solutions (faites nous connaître les vôtres) ne met  en tout cas à l'abri d'un incident (étiquettes soulevées par les taupes ou lors d'un désherbage). D'où l'importance du plan de plantation.


Soigner ses iris !

Voici une vue de ma "clinique" où je soigne les iris malades que je me résoud d'autant moins à jeter qu'ils sont en un seul exemplaire



La semaine prochaine on abordera la question des maladies de l'iris (hétérosporiose, pourriture bactérienne), les moyens de les prévenir, la façon de les soigner (si, si, on y arrive le plus souvent comme on peut le voir sur la photo)





4 commentaires:

  1. Combien coûte une étiquette ainsi plastifiée ?

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  2. Une plastifieuse coûte entre 15 et 20 € dans une grande surface. Un paquet de 100 feuilles plastiques (format 1/2 A4) aux alentours de 15 €. On peut faire 8 étiquettes comme celles photographiées par feuille donc 800 par paquet. Plus le prix du papier (10 € environ la ramette de 250 feuilles 160 g). On peut imprimer 12 étiquettes sur une feuille A4. Au final, cela reveint bien moins cher qu'une étiquette en plastique jaune

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  3. Les petites ardoises ne tiennent pas longtemps : elles finissent par se déliter et par tomber en poussière bleue...

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  4. Le propriétaire de l'arboretum de la Martinière à Veigné, Michel Davot, m'a dit avoir acheté dans une GSB (L.M) des ardoises "synthétiques" qui apparemment durent (l'inscription se faisant avec un stylo acrylique blanc).
    Pour l'ardoise classique je suis d'accord, elle se délite. On verra si les étiquettes plastifiées durent longtemps. Ceci dit il faut soigner leur réalisation, car si la plastification a été mal faite, de l'eau pénètre à l'intérieur et adieu le travail…

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