Il faudra patienter un peu pour avoir la suite de notre travail sur l'hybridation. J'ai essayé de faire quelque chose d'assez complet, mais c'est une question très technique, sur laquelle les informations sont pratiquement toutes en anglais. Elles sont par ailleurs nombreuses, et dès qu'on tire un fil, on ouvre de nouvelles pistes. Cela prend plus de temps que prévu aussi je ne pense pas être prêt avent la semaine prochaine. Dès que possible, le travail sera mis en ligne …
Pour l'heure quelques précisions sur les maladies qui assaillent les plantations de certains d'entre nous.
Les maladies de l’iris (3)
Je me serais bien dispensé d’écrire un nouveau chapitre sur
les pestes et maladies qui frappent nos plantes préférées. J’entends déjà les
commentaires « vous allez finir par faire croire que les iris sont une
plante fragile. Vous allez décourager les amateurs (clients)… » etc.
En fait les iris sont tout à la fois des plantes d’une
extrême robustesse, increvables même, mais aussi, pour certains ou dans
certaines conditions parfois sensibles à de redoutables infections. Il en va des
iris comme des animaux : il y a des bâtards qui résistent à tout et des
chiens de race fragiles comme des chochottes. Cette mise en garde vise
principalement ceux des amateurs qui ont cassé leur tirelire pour s’offrir
quelques unes de ce « précieuses » et qui enragent de les voir
dépérir.
C’est le contexte de cet hiver doux et de printemps
capricieux qui m’a amené à ces quelques informations supplémentaires et les
mésaventures subies par quelques uns d’entre vous.
Un coup du « sorch »
Un des amis de la SFIB a eu la surprise de voir une de ses
touffes atteinte par une curieuse maladie.
D’abord, le haut des feuilles jaunit puis brunit.
Ensuite l’infection se propage du haut vers le bas
Puis elle gagne les racines, tandis que le rhizome reste
ferme.
(Merci à Daniel Boris de nous avoir permis d'utiliser ses photos)
Il s’agit de ce que les américains appellent le sorch, ce
qu’on traduit généralement par le roussissement de l’iris.
C’est une maladie assez rare [à ne pas confondre avec les
tâches du feuillage (hétérosporiose) ], réputée peu contagieuse et dont la nature
est mal connue. Certains penchent pour un virus, d’autres pour un champignon.
Aucun traitement fongicide ne semble très efficace. Il reste
deux solutions : arracher et bruler. Ce « traitement » évite la propagation de la maladie (on
évitera pendant plusieurs années de replanter des iris à la même place), mais
évidemment condamne la plante. Si c’est un exemplaire unique et qu’on veut le
sauver, il existe une méthode qui consiste à exposer le plant arraché et
nettoyé à une forte chaleur (sur le béton au soleil). On évoque une température
de 45°, ce qui, on en conviendra est plus facile à faire en Californie en été
qu’en Isère au début du printemps. Là, l’abri d’une serre (ventilée quand même)
peut permettre de tenter l’expérience. On déconseillera quand même le four de
cuisine.
La multiplication des pourritures.
De divers lieux de France nous parviennent les échos d’un curieux regain de pourriture bactérienne.
Ce qui est curieux, c’est la diversité des situations (de
climat, d’exposition et de sol) et la période qui n’est pas en général celle de
cette infection (qui a la gentillesse d’attendre qu’il fasse plus chaud et
humide).
Dans mon jardin, les atteintes se sont limitées à deux
parterres (l’un planté en 2010, l’autre en 2011) et aux iris plantés en pot,
tandis que les plates-bandes d’iris anciens, même situées dans des conditions
ombragées n’ont pas été touchées.
Comment l’expliquer ? Certains nous reprocheront
d’avoir auparavant empoisonné nos terres avec engrais et pesticides. Pourtant
certains n’ont utilisé ni engrais ni pesticides.
Il faudrait peut-être rechercher dans plusieurs
directions :
-la
possibilité d’un germe importé via les achats ou les échanges. J’ai ainsi reçu
un envoi dont un rhizome était quasiment entièrement pourri.
-l’hypothèse
de terreaux ou composts infectés. Il faut être vigilants qur les
« terreaux universels » qui sont parfois (mais pas toujours) de
vraies cochonneries (certaines plate-formesde compostage récupèrent le contenu
des déchetteries municipales où les particuliers ont apporté leurs déchets
végétaux, parfois malades. On trouve aussi dans ces composts des restes de bois
pourris parfois encore revêtus de peinture (au plomb ?). Donc préférez
votre propre compost fait à partir de végétaux sains.
- une
prolifération liée aux conditions climatiques : un hiver doux qui a vu, en
maints endroits, la végétation repartir dès février, puis un brutal coup de
froid qui a affaiblit les plants (les jeunes pousses subissant durement la
morsure du gel. Cela est particulièrement vraisemblable pour les plantes en
pot. Mais ça n’explique pas la diversité des situations à l’intérieur d’un même
jardin ;
-trop de
soins ? Cela peut paraître paradoxal, mais ce sont souvent les variétés
les plus récentes, celles qu’on soigne le plus qui attrapent la maladie. Mais
aucune raison scientifique ne vient à l’appui de cette intuition.
-reste la
piste de variétés plus fragiles que d’autres ainsi que de l’origine de la
plante. C’est une piste à explorer qui suppose que tous les amateurs fassent un
recensement des plants atteints, de leur origine. On aurait peut-être ainsi un
moyen de confirmer ou d’éliminer cette hypothèse.
Enfin on peut signaler une étude plus générale parue dans la revue scientifique "Nature" qui met en évidence le développement des pourritures liées à des champignons devenus plus résistants. Cette récurrence touche la plupart des formes du vivant (animaux : les chauves souris, les batraciens ; végétaux, dont les céréales). Une piste à explorer. La SFIB pourrait contribuer, pour le domaine dont elle s'occupe à recueillir les données.
[ Les feuilles plissées
Plusieurs amateurs constatent en ce printemps que les feuilles de leurs iris sont épaiisses et plissées. S'agit-il d'une maladie ou d'une réaction des tissus àaux bizarreries climatiques. La chose est sous observation. Il ne semble pas pour l'heure qu'il y ait préjudice pour les plantes. On en reparlera.]
Quels traitements pour nos plantes ?
Les moins interventionnistes
(et les plus fortunés ?) des amateurs procéderont comme pour le
sorch : arracher et bruler les plantes malades. Ne rien replanter sur le
même emplacement. Dur ! Mais cela évite la manipulation et l'utilisation qui peuvent à terme se révéler dangereux pour l'environnement et pour l'homme.
Les précautionneux prépareront soigneusement le sol où ils
planteront (en les espaçant suffisamment) leurs nouveautés (pratiquer un chaulage peut-être utile) auxquelles
ils feront subir une quarantaine : ne pas introduire dans un massif en
place de nouvelle variété achetée ou échangée avant d’en avoir éprouvé la
solidité et la salubrité.
Les jardiniers "éco-responsables" utiliseront lajavel diluée (10à 20%) pour désinfecter les rhizomes
Les désespérés utiliseront les ressources phyto-sanitaires à leur disposition : et celles-ci sont de plus en plus rares, la plupart des produits curatifs ayant été retirés de la vente par décision de l'Union Européenne, du fait de leurs effets nocifs sur les milieux aquatiques ou sur les utilisateurs. On reviendra ultérieurement sur cette question qui nourrit toujours de vives controverses. Ne pas traiter, c'est aussi laisser des germes se répandre. Le choix est toujours difficile. En tout état de cause, nettoyer ses plantations, aérer ses cultures, désherber souvent (en quelque sorte garder propre) est un moyen d'essayer de limiter les infections.
Merci Gérard pour tes précieux renseignements. Cet article me permet, à priori, d'écarter le Scortch comme diagnostic de mon Codicil, qui, comme tu l'avais dit, a vraisemblablement un coup d'hétérosporiose.... J'avais remarqué, sauf erreur de ma part, que Codicil semble assez susceptible....
RépondreSupprimerLes aléas climatiques de cette année sont peut-être défavorables à l'établissement de statistiques sur les pourritures et autres, car ce n'est quand même pas habituel....
Quand aux feuilles épaisses, plissées et même déformées....je trouve celà assez inquiétant, car les tiges qui vont avec ne semblent pas bien normales non plus dans certains cas (naines, tordues...)
Merci pour ce superbe blog que je découvre aujourd'hui seulement, je me demande encore pourquoi !
RépondreSupprimerHybridant depuis plusieurs années dans une région difficile (nord franche comté, terrain acide, froid et humide (oui, oui !!), j'ai de multiples soucis de pourriture, mais le mois de février 2012 a été le plus terrible : plus de 110 variétés perdues !
Une constatation, il me semble, qui pourrait apporter de l'eau à votre moulin : les lignes dans lesquelles j'ai perdu le plus de plantes semblent être celles que j'avais le mieux entretenu : désherbage et coupe des feuilles à l'automne... Les mauvaises herbes ou feuilles laissées sur d'autres lignes semblent avoir protégé les plantes, même si toutes n'ont pas été épargnées.
Je constate, mais je m'en doutais, que c'est bien le scortch qui me ruine chaque année quelques plantes, surtout des semis...maintenant j'arrache et je jette sans tenter grand chose d'autre....
Une question enfin : j'ai beaucoup de fourmis dans mon jardin, souvent vers les touffes les plus faibles....un lien de cause à effet ?
Merci encore pour votre travail !
A. Bettinelli