Préparer l’été
'Reversi' (Sutton
2006)
Le titre peut paraître bizarre, alors que tous les
amateurs d'iris attendent avec impatience le printemps qui va voir fleurir les nouvelles
acquisitions ou les "bébés" issus d'une savante hybridation.
Pourtant c'est bien maintenant qu'il faut préparer
son sol pour y planter de nouveaux iris l'été prochain où y déplacer ses
cultures.
Quel sol
pour nos iris ?
On lit souvent que l’iris se plait en tout sol.
Certes c’est une plante très tolérante, mais il faut y regarder de plus
près !
Dans tous les sols ou presque on peut cultiver des
iris. Le « presque » concerne pour les iris « barbus » les
sols humides voire fangeux ainsi que les sols trop acides. Dans les premiers
ils pourriront, dans les second ils se développeront peu et fleuriront mal,
s’ils fleurissent.
L’iris est globalement une plante plutôt calcicole
qui préfère les sols alcalins aux sols siliceux.
De même qu'on goûte sa soupe avant de remettre du
sel, avant de planter ses iris, on cherche à connaître son sol, sa nature, sa
composition, sa fertilité, plutôt que d'y déverser à l’aveugle des engrais et
amendements divers.
Connaître
son sol
Est-il « lourd », « léger »,
sableux. Est-il neutre, acide ou alcalin ? Quel est son PH ?
Bien sûr si déjà des iris y poussent et
croissent sans problème vous pouvez passer à la rubrique suivante, encore
que…
Qu’est-ce qu’un sol ?
Un sol, c’est ce qui s’est développé par
dégradation ou (et) accumulation sur la roche mère. Ce sol peut être plus ou
moins profond (de quelques centimètres à plus d’un mètre). Il est généralement
composé de deux « horizons » : l’horizon superficiel ou couche
arable, riche en humus et qui concentre l’essentiel de la vie microbienne et
animale. L’horizon inférieur de même nature mais ne contient pas d’humus.
Plus le sol est « profond », plus les
possibilités de culture sont étendues.
Le sol va se caractériser enfin par sa composition
chimique, sa granulométrie et sa perméabilité.
Nature et composition chimique du sol.
Un sol est le plus souvent complexe. Une terre de
jardin comprend en général 3 ou 4 éléments : de l’humus (de couleur brune
ou noire) du sable, de l’argile, du calcaire dont la présence importante setraduit par une coloration blanchâtre du sol.
Ce sont les proportions de ces éléments qui peuvent
varier considérablement. Les sols trop riches en humus ont une dominante
alcaline peu propice aux iris. Les sols trop argileux retiennent l’eau en hiver
et provoquent l’asphyxie des racines. Les sols trop sableux sont pauvres et ne
retiennent pas bien l’eau en été, nécessitant des arrosages fréquents par temps
sec.
L’idéal est une terre équilibrée (par exemple 10%
d’humus, 10 à 20% de calcaire, 20 à 30 % d’argile et le reste de sable). Mais
l’équilibre idéal n’est pas toujours atteint, et quand c’est nécessaire, il
convient d’amender le terrain.
On reconnaît un sol argileux à deux
caractéristiques simples : l’eau y stagne, la terre l’absorbant mal ou
lentement. Collante en hiver, la terre forme un bloc sec et fissuré en été.
En fait on peut connaître la nature de son sol de
plusieurs façons :
-on prélève une poignée
de terre humidifiée que l'on presse fort dans sa main et qu'on laisse ensuite
retomber sur le sol. Si la terre reste compacte c'est que le sol est argileux,
si la boule se désagrège c'est que le sol contient une forte proportion de
sable.
-on regarde la
végétation qui pousse spontanément : la présence de renoncules (boutons d'or)
indique un sol argileux, des fougères aigle et de la bruyère un sol acide.
-on
peut affiner l’analyse en versant un litre d’eau dans un bocal transparent puis
environ une livre de la terre du jardin : secouer, laisser reposer. Au
bout d’une journée, la terre se sera déposée par couches successives : les
éléments grossiers et le sable au fond, puis l’humus et enfin les particules
fines d’argile. On peut ainsi avoir visuellement une idée des proportions de
chaque composant, des manques et des amendements à apporter
.
-on
peut enfin avoir une idée de l’acidité du sol en utilisant du papier
réactif (type papier tournesol ou papier PH) qui sert à mesurer le P.H.
(potentiel hydrogène) exprimé par un chiffre de 4 à 8. Plus le chiffre est bas,
plus le sol est acide, plus il est élevé, plus il est alcalin. Pour les iris un
sol de pH 6 à 7,5 est idéal.
-si
on répugne à toutes ces manipulations, on peut en confier le soin à un
laboratoire spécialisé (voire à une jardinerie) qui fournira l’analyse du sol,
déterminera ses manques et les amendements nécessaires.
Corriger
son sol
1-
Les « amendements »
Ce constat fait, on améliorera un sol trop acide ou
sableux à l’excès par l’apport de calcaire sous forme broyée s’il y en a à
proximité, de marnes ou de varech (même remarque) ou plus simplement de chaux
dite « agricole » qui est de la chaux éteinte.
Le chaulage doit être pratiqué en connaissance de
cause et avec modération, de préférence sur un sol nu. On utilisera de 10 à 20
kg de chaux par are à l’automne avant bêchage, la quantité variant en fonction
de l’importance de la correction nécessaire.
La chaux « mangeant » l’humus, on évitera
de faire un apport de fumier ou de compost en même temps.
Un sol trop lourd pourra être corrigé par l’apport
de sable et de compost. Ce dernier élément est un améliorateur universel des
sols. Cela étant, s’agissant des iris, il importe d’incorporer le compost en
quantités raisonnables et longtemps avant la plantation pour éviter un
enrichissement excessif en azote qui favoriserait bactéries et pourritures.
2-Les
engrais
Dans un sol équilibré, ils ne sont pas nécessaires,
sauf en entretien (une poignée par touffe au démarrage de la végétation et après la floraison). En règle générale, lors de la préparation du terrain, on enfouira
un engrais composé pauvre en azote et riche en phosphore et en potasse (les
lettres P et K sur les sacs d’engrais). On préférera un engrais organique (type
corne broyée) dans la mesure du possible. Sinon un engrais du commerce du type
0/10/20.
Préparer
son sol
Le sol sur lequel on va planter ses iris doit être
propre (débarrassé de ses mauvaises herbes) et sain.
Retourner ou pas son sol ?
La question hier saugrenue, divise aujourd’hui les
jardiniers. Les tenants du labour disent qu'il faut retourner la terre d'un fer
de bêche, afin d'éliminer les mauvaises herbes et de l'aérer. Pas du tout
répliquent les jardiniers bios : en retournant la terre vous enfouissez
l'horizon superficiel du sol (la couche d'humus) siège de la vie bactérienne et
de nombreux organismes qui constituent l'élément vivant du sol.
Ainsi de plus en plus voit-on les jardiniers
adeptes des méthodes douces préconiser l'usage de la grelinette qui aère le sol
sans le retourner. La grelinette ( marque déposée) est une sorte de fourche
à 4 dents pourvue de deux manches et qu'on manipule d'avant en arrière sans
soulever la terre. Très bon pour le dos !
Fourche à bêcher Ducoterre (image
Wikipedia)
Cette méthode « douce » suppose de
fréquents passage et un arrachage des adventices (les 'mauvaises herbes' qui
n'ont pas toutes mérité ce nom infâmant)
Pour le jardinier traditionnel, un retournement du
sol à la fourche bêche ou au motoculteur s'accompagnera d'un enrichissement du
sol.
Pour les amateurs des cocktails chimiques ou les
jardiniers fatigués, le désherbage pourra se faire en utilisant, par temps sec,
une solution de glyphosate qui est un désherbant de contact (et ne détruit en
conséquence que ce qu’il touche). J’ai pour ma part de fortes préventions
contre le glyphosate présenté par Monsanto comme un désherbant entièrement biodégradable. Dans sa 'version Monsanto' (le célèbre et onéreux Round Up), ce qui a
été mis en cause par certaines études scientifiques, c’est l’adjuvant (agent
mouillant) qui aurait des effets tératogènes. De toute façon la molécule de
glyphosate a un effet néfaste pour les organismes aquatiques et déforme les
fleurs d’iris dès lors qu’une goutte du produit a touché un rhizome.
Donc, si on peut éviter, c’est mieux. Ce point de vue n'engage que moi !
Donc, si on peut éviter, c’est mieux. Ce point de vue n'engage que moi !
Une fois le sol travaillé, il n'est pas conseillé
de le laisser nu, car il est ainsi exposé au lessivage qui entrainera les éléments
fertilisants en profondeur sans profit pour les plantes. Il est alors judicieux
de semer un engrais vert, comme la moutarde qui a l'avantage de pousser vite,
de désinfecter les sols et de constituer un engrais efficace. On coupe la
moutarde quand elle a atteint 20 cm et on la laisse se décomposer sur le sol.
Cela se fait de préférence en septembre. Aujourd’hui, il est un peu tard.
On peut aussi "pailler" le sol. On évitera le BRF (bois rameal fragmenté) qui demande du temps avant de se décomposer et les écorces de pin qui acidifient le sol. On lui préférera des paillis de lin ou de chanvre qu'on incorporera en fin de printemps.
Ainsi votre sol est prêt à accueillir vos nouvelles acquisitions ou les iris que vous dédoublerez cet été !
Les iris remontants
On peut aussi "pailler" le sol. On évitera le BRF (bois rameal fragmenté) qui demande du temps avant de se décomposer et les écorces de pin qui acidifient le sol. On lui préférera des paillis de lin ou de chanvre qu'on incorporera en fin de printemps.
Ainsi votre sol est prêt à accueillir vos nouvelles acquisitions ou les iris que vous dédoublerez cet été !
Les iris remontants
Jurassic Park (octobre 2011 Jardin botanique Tours)
Le climat clément de ce bel automne (ici) favorise la "remontée" des iris.
On appelle "remontants" des iris capables de fleurir deux fois : au printemps, comme il est d'usage et en automne, ce qui reste assez rare.
La plupart du temps, seules certaines variétés présentent des gênes qui favorisent cette seconde floraison. Parfois des iris qui ne sont pas habituellement remontants fleurissent une seconde fois, comme cela a été le cas dans certains jardins cette année.
Quand on dit qu'un iris "refleurit", cela veut dire que le rhizome principal (qui a fleuri en mai) a donné naissance à des rejetons qui ont grossi suffisamment pour porter des fleurs en automne.
Certains en tout cas remontent régulièrement comme celui-ci, (dans mon jardin). Il n'est pas particulièrement original, mais au moins il fleurit !
On en reparle la semaine prochaine !
Belvi Queen (Jensen 1975)
bel article !
RépondreSupprimerPour ce qui est de l'opposition jardiniers" traditionnels" et jardinier "bio" en ce qui concerne le bêchage du sol , il faudrait peut être rapeler à ces derniers que nos grand-pères , et des dizaines de générations avant eux ( certainement même des centaines) retournaient le sol d'un fer de bêche pour à la fois couper les mauvaises herbes et enfouir l'humus de surface qui fournira ensuite la nourriture aux futures plantations et semis , ils avaient me semble-t-il quand même des récoltes, non ? La grelinette ne suprime pas les adventices.
Tout à fait du même avis en ce qui concerne le glyphosate ....
Pour le paillis j'utilise depuis 2 ans le lin et j'en suis très satisfait, il se dégrade bien et s'incorpore facilement au sol quand on le bêche, ce qui avec une grelinette n'est pas facile à faire ....
Le mode de culture bio est un tout : le paillage limite la pousse des adventices ; l'utilisation de la grelinette permet ensuite son incorporation. Cette méthode présente pour ses partisans deux avantages : ça évite de "casser" le dos, mais surtout ça préserve la structure des couches du sol.
RépondreSupprimerPersonnellement, je pense qu'il faudra faire un bilan dans la durée. J'ai essayé la méthode du BRF et je ne suis pas totalement convaincu. Mais je suis d'accord avec toi, Jean-Luc, le bêchage a donné depuis longtemps des résultats satisfaisants. Ceci dit, pour conforter les bios, on pratique moins aujourd'hui les labours profonds qui obligeaient en contrepartie à utiliser beaucoup d'engrais chimiques.