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jeudi 28 juin 2012

LA LUTTE CONTINUE

On n'en finira donc jamais ?

Certains se sont étonnés de l'interruption du blog et de la suspension de l'étude sur l'hybridation.
Quelques explications sont nécessaires.
J'ai connu, comme d'autres parmi vous, hélas, une série d'attaques d'Erwinia carotovora, la bactérie tueuse, qui a causé de sérieux dommages dans mes plantations (et m'a obligé à un travail qui n'était pas initialement prévu).
Et ceci en trois vagues successives et sous des formes différentes à chaque fois.

Chronologie :
 •Précocément, dès le mois de mars chez certains amis, puis de façon plus large en avril, notamment chez moi, on note une attaque de pourriture bactérienne qui touche principalement la base des feuilles puis le rhizome. Souvent, c'est la feuille centrale qui jaunit, tandis que l'odeur douceâtre de pourriture (qui vaut à cette pourriture bactérienne le surnom de "pourriture douce") se répand. Enlèvement du rhizome malade, désinfection à la javel du sol et du plant et installation du malade en observation en pot.

L'"Hôpital"


•Une deuxième vague, favorisée sans doute par le printemps pluvieux (ici en Touraine, nous effectuons le "rattrapage" de l'année 2011 particulièrement sèche) fait des ravages dans les nouvelles plantations au moment de la floraison. Soins peu efficaces : difficile d'exposer les rhizomes aux rayons du soleil lorsque celui-ci ne se montre pas. Mais je constate assez vite que cette fois (et particulièrement depuis le 5 juin), la pourriture frappe d'abord les tiges florales (en fleur ou portant une capsule) qui brunissent, deviennent molles tandis que la pourriture gagne rapidement l'ensemble de la plante. Inutile de dire que les essais d'hybridation sont à peu près réduits à néant pour cette année. Début de l'arrachage de plusieurs massifs et replantation des iris indemnes après trempage (javel à 10%) dans un terrain nouveau que j'ai baptisé (on comprendra pourquoi) le "Val de Grâce" !

tige florale atteinte par le milieu. La pourriture descend jusqu'au rhizome

•La troisième vague frappe depuis dix jours, sous une forme beaucoup plus sournoise et que je n'aurais sans doute pas eu le loisir d'observer si je n'avais décidé, pour éviter la propagation, d'arracher tout un massif : la pourriture attaque sous le rhizome, plus exactement dans les parties tendres à la base des feuilles externes
'Romancer' attaqué à la base des feuilles

vue latérale



2e étape la partie tendre du rhizome est attaquée


et pour finir …
Ces images sont prises après curage, trempage et exposition au soleil. On peut constater que dans cette forme d'attaque, la pourriture n'est pas stoppée, malgré, à titre d'expérience, l'utilisation sur deux rhizomes d'une pommade antibiotique.

iris traité sans grand succès
Certains, replantés en pot ont vu la pourriture repartir.


Ici, sur 'Silverado', reprise de pourriture au niveau de l'attache de la tige florale, malgré curage et désinfection.
gros plan de la précédente

Il a donc fallu ne replanter en pleine terre, après traitement, que ceux qui ne présentaient aucune trace de pourriture visible. La moitié des iris jetés et brulés…
Bilan : une trentaine de variétés récentes totalement perdues et une dizaine d'autres en situation précaire avec pronostic vital engagé, comme on dit.

Survivant en situation précaire

Quelques réflexions et une lueur d'espoir

Pour bien comprendre, il faut faire une étude "épidémiologique" : apparition de la maladie, diffusion, résistance.

Une maladie "importée" ?

Il n'y avait pas de pourriture bactérienne dans mon jardin depuis de très nombreuses années, jusqu'à ce que je renoue avec les achats en provenance de l'extérieur en 2010 et 2011. Une livraison "européenne" présentait un cas d'iris pourri dans le carton. L'iris a été éliminé, mais la bactérie avait sans doute eu le temps de se multiplier dans l'atmosphère confinée du carton. Au réveil de la végétation, les iris contaminés se sont mis à pourrir à leur tour.
Dans un deuxième temps, la pourriture s'est étendue à des plantations de l'année précédente qui s'étaient jusqu'alors développées sans problème.
Enfin, les massifs plus anciens ont à leur tour été atteints que je croyais devoir être épargnés
D'où l'importance des recommandations données précédemment sur la nécessité d'une "quarantaine" pour tous les nouveaux arrivants dans le jardin. Même quand il y a des contrôles phyto-sanitaires, une bactérie dormante n'est pas nécessairement décelée. Et pour les importations en provenance de l'U.E, il n'y a pas, à ma connaissance, d'obligation de contrôle.
Certes, les producteurs sont attentifs et ce n'est pas dans leur intérêt que de vendre des plants malades et il n'est pas question de les incriminer. Lawrence Ransom me dit les soins qu'il pratique avant toute expédition de rhizomes et il y a lieu de penser que c'est la cas de l'ensemble des professionnels. Mais il peut y avoir à un moment oubli, voire résistance particulière (ce que je constate dans mon "hôpital")… Et les échanges peuvent contribuer à la dissémination. D'où une vigilance "prudentielle" nécessaire.
Nul, en effet n'est à l'abri de cette peste, même si beaucoup sont épargnés. Sur le blog de l'AIS (société américaine des iris), Bryce Williamson disait récemment n'avoir pu sauver qu'une soixantaine de semis sur 3000 à cause d'une maladie dont il ne précisait pas la nature. On peut supposer (avec prudence) qu'il s'agissait de pourriture bactérienne… (même si aux E.U. le scorch et la pyrale de l'iris (iris borer) sont susceptibles de causer de très importants dégats)

Les facteurs de propagation

•les conditions climatiques exceptionnelles : l'humidité de ce printemps : Erwinia est une bactérie aérobie, qui se développe donc en milieu humide…
•la présence de nombreux insectes piqueurs : moucherons, moustiques, etc qui ont porté de plante en plante la bactérie

Une résistance plus forte aux traitements

Le trempage dans une solution javellisée, le séchage au soleil (rare et incertain cette année) et même sur quelques plants l'utilisation d'une pommade antibiotique (à titre d'essai) n'ont pas permis de toujours guérir les plants malades. Dans le passé, ce traitement avait été efficace.
On verra ce qu'il en est des rhizomes apparemment sains, qui ont subi le même traitement (javel + soleil) avant replantation.

Une atteinte variable en fonction des variétés ?

Certains cultivars se sont révélés plus sensibles que d'autres à la pourriture. Ainsi 'It's Magic' planté pourtant en trois endroits différents a quasiment disparu.
'Cheeky', 'Romancer' ont été aussi fortement touchés, tandis que d'autres résistaient mieux, situées pourtant à coté : 'Who's Your Daddy', 'Starring'.
'Westpointer' semble assez sensible, comme d'ailleurs certains de mes iris préférés ('Disguise', 'Bratislavan Prince', Brown Lasso).

Une lueur d'espoir

Certaines plate-bandes, situées loin de la source primaire d'infection n'ont pas été touchées. Ce qui remêt à leur juste place les conditions météorologiques : facteur de propagation et c'est tout !
On peut donc penser qu'avec une hygiène de plantation : trempage systématique des plants reçus dans la solution à 10% + quarantaine pendant deux ans, on devrait pouvoir rester à l'abri de cette peste et considérer l'iris comme une plante qui résiste à (presque) tout.

J'ai terminé, pour l'instant,  mon travail de replantation et devrais pouvoir reprendre une activité plus régulière sur ce blog

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