Pour répondre à cette question, il faut en poser une seconde : quels iris ? En effet, tous ne sont pas originaires de contrées aux hivers rigoureux et ne supportent pas sans dommage des températures négatives prolongées.
Lesquels protéger ?
Supportent le froid sans dommage particulier (liste non limitative) : les espèces originaires de climats continentaux, les iris pseudacorus et la plupart de leurs hybrides, les iris sibirica, les iris setosa, les iris spuria.
Ne supportent pas les froids rigoureux et prolongés, les espèces et hybrides originaires du Moyen-Orient : la plupart des arils. Les "arilbreds" quant à eux, issus du croisement d'un aril et d'un grand iris barbu résistent mieux, mais cela demande des tests (en fonction souvent du pourcentage de gènes d'arils dans la parenté. Les iris de Californie (Californica) supportent assez mal nos climats surtout quand se conjuguent froid et humidité.
Les iris de Louisiane pourraient a priori être considérés comme sensibles au froid car provenant de région à climat chaud et humide. Ici la région Centre n'a pas grand chose à voir avec les bayous de Louisiane… Pourtant, compte tenu de la disposition du relief, le Sud des Etats-Unis peut connaître en hiver du fait de la "descente" de masses d'air polaire, des températures assez basses. Sur le blog de l'AIS il est fait état de bassins gelés de manière prolongée sans que pour autant cela nuise à la pousse et à la floraison ultérieure des Louisianas. J'ai tenté l'essai cette année. Je vous ferai part des résultats !
Nos iris "modernes" supportent plutôt bien les hivers de nos contrées. Mais comme certains sont issus de croisements avec iris aphylla (originaire de contrées au climat plus clément) certaines précautions s'imposent parfois. Il faut ajouter enfin deux facteurs particuliers : la région où l'iris a été produit et élevé (ainsi certains iris originaire de Californie éprouvent quelque difficulté à s'acclimater dans des contrées plus froides) et la nature du sol dans lequel il pousse (les sols lourds et humides ne réagissent pas au froid de la même manière que les sols sableux et très perméables).
Quelle protection?
Les espèces sensibles au froid cultivées en pot (les arils, oncocyclus et autres) devront être hébergées en serre froide ou au pire être abritées sous chassis.
Pour nos classiques grands iris barbus, aucune protection n'est a priori nécessaire sauf dans trois cas :
dans les régions très froides (région de montagne par exemple)
dans le cas de plantation récente avec la présomption d'un enracinement encore insuffisant
dans le cas d'iris plantés en pot et de températures durablement négatives.
Dans le cas d'iris en pots, les racines qui tapissent le pot sont donc plus vulnérables.
La protection la plus simple consiste, quand on le peut à enterrer le pot. Sinon, on assurera une protection convenable avec un voile d'hivernage qui les enveloppera et qu'on pourra retirer lorsque les températures redeviendront positives.
Certes, ça n'est pas très esthétique, mais c'est efficace !
J'ai utilisé cette technique pour mes semis précoces l'an dernier et je n'en ai perdu aucun.
Par contre les iris en pot qui n'avaient pas été protégés ont été gravement affaiblis et dès le mois de mars ont commencé à souffrir d'attaques de pouriture bactérienne.
Pour les plantations de pleine terre dans les régions froides ou pour les iris récemment plantés
La première des protections, naturelle celle-ci, est la neige. Si le manteau persiste, sous la neige, les températures atteignent rarement des niveaux négatifs préoccupants. Ainsi, on peut se dispenser de tout autre protection.
Si une protection s'impose, quelle qu'elle soit, il faut partir de l'idée qu'elle doit être provisoire.
En aucun cas, elle ne doit subsister passée la période des grands froids.
Elle doit également être le moins biodégradable possible. Cela ne veut pas dire que l'on va couvrir ses iris avec des chips de plastique (pour des raisons esthétiques et parce que ça s'envole avec le vent. [Mais comme "isolant" ça n'est pas mal !!]). Il faut cependant éviter les débris végétaux à dégradation rapide (feuilles tendres par exemple) et tout ce qui pourrait, du fait de l'humidité entretenue, favoriser le développement des pourritures.
Cette protection, si l'on veut qu'elle soit efficace et non nuisible doit être alors épandue en couches épaisses.
J'ai utilisé avec quelque succès, les paillettes de chanvre. Avantage : elles sont dures et brillantes et l'eau glisse sur elles ; elles se décomposent très lentement, donc, peu de risque de pourriture. Inconvénient : lorsqu'il faut les retirer, ça prend un peu de temps.
Les écorces de pin en grosse section sont plus pratiques de ce point de vue, mais elles risquent d'apporter un facteur acide qui ne convient pas trop aux iris. De plus, elles peuvent se gorger d'eau par temps pluvieux.
Les jardiniers de Tours utilisent ce type de protection dans le nouvel espace du jardin botanique, sans dommage apparent. (Ils l'utilisent surtout pour limiter le désherbage)
Juger un iris n'est pas chose facile !
A plusieurs reprises, sur les blogs ou le forum de la SFIB, la question a été posée des critères de jugement et des compétences pour juger. Je n'ai pas l'intention de revenir sur cette question que je voudrais simplement aborder par un autre bout.
Pour tous les hybrideurs en herbe (dont je suis, même si l'herbe en question n'est pas toute tendre) la question du jugement se pose à l'examen des résultats de ses semis. On peut être indulgent (et combien l'ont été…) ou trop sévère. En tout cas, il convient de ne pas se pécipiter, car la floraison d'une année ne préjuge pas (dans un sens comme dans l'autre) de ce qui peut advenir par la suite.
J'en veux pour preuve la floraison (pour la première fois) cette année du "winner" de l'année. Je veux parler de Florentine Silk (Keppel 2005) qui a reçu la plus haute récompense aux Etats-Unis : la médaille de Dykes.
Voici comment ce champion a fleuri dans mon jardin :
Florentine Silk (Photo G.R.) |
N'importe quel juge aurait trouvé la fleur très belle, mais la plante aurait été condamnée pour son branchement défectueux qui présente trois fleurs ouvertes en position sommitale.
Et l'on serait passé à coté d'un iris important. Bien sûr, cela ne risque pas d'arriver dans les grands concours puisque la plante a dû passer plusieurs barrières durement sélectives. Mais il peut se faire, que quand on ne juge qu'une fois (dans un concours comme Franciris) et que les conditions meteo n'ont pas été optimales, on passe à coté d'un champion.
Donc prenons le temps de voir comment une plante se comporte dans la durée avant de l'enregistrer ou de la jeter au tas de compost…
Cette chronique a été retardée par un dysfonctionnement de ma connexion ADSL. Je salue la diligence et la compétence de FREE qui a diagnostiqué assez rapidement un problème dont l'origine était un cable France Télécom. La réparation est maintenant effective et le gain en vitesse est en outre sensible. Pourvu que ça dure.
La prochaine chronique portra sur "les iris venus du froid" c'est à dire de l'ancien bloc soviétique et d'Europe Centrale.
A bientôt j'espère…