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mardi 29 novembre 2011

Adopter des spurias

Marylin Holloway

Le faible place réservée aux spurias dans nos jardins ne cesse de susciter chez moi étonnement et interrogations. Pourquoi la plupart des catalogues des producteurs ignorent-ils cette plante si gracieuse et de culture si facile,  et qui, fleurissant plus tard que les grands barbus prolonge de quinze jours au moins le plaisir d'iris ?

Comme un barbu sans barbe…


Origine


 Les spurias font partie de la grande famille des iris sans barbe ou "apogons" [ce qui signifie en grec la même chose] comme les iris de Sibérie ou notre iris national l'iris pseudacorus.
Les spurias appartiennent à une sous-famille du genre des iris : Limniris.


William Curtis in The Botanical  Magazine
Particularités


C'est un iris de grande taille (1,30/1,50 m) aux feuilles étroites et élancées qui forme rapidement d'imposantes touffes.
Les tiges florales portent des boutons qui s'ouvrent successivement. Quelquefois une tige peut porter plusieurs boutons ouverts en même temps. D'une grande élégance les spurias forment de splendides bouquets.

Touch of Lace (Photo Jérome Boulon sur le site de la SFIB)


Des soins de culture particuliers pour une floraison assurée


      • l'exposition : une exposition ensoleillée est préférable, mais les spurias peuvent se contenter d'une demi-journée de soleil et d'une ombre légère

      • le sol : les spurias ne sont pas des "iris d'eau". Ils demandent un sol bien drainé, neutre à légèrement alcalin, plus consistant que sableux et surtout fertile. Les iris resteront en place une dizaine d'années, il ne faut donc pas leur mesurer la nourriture.

       • la plantation : La meilleure période pour les planter est sans doute le mois de septembre, avant que la plante n'ait "fait" ses nouvelles pousses (on peut planter plus tôt dans les régions froides, afin que la plante soit enracinée avant l'hiver). C'est le moment de diviser les vieilles touffes. Utiliser pour cela un griffe ou un croc à pommes de terre, détacher les rhizomes de la périphérie avec un couteau solide ou mieux avec un sécateur (le rhizome est assez dur). Conserver le maximum de racines qu'on évitera de couper. Qu'il s'agisse de rhizomes issus de division ou de rhizomes achetés chez un professionnel, la règle est la même : "sitôt reçu, sitôt planté", sinon les racines risquent de se dessécher et l'iris d'en mourir. Si on n'est pas en mesure de planter tout de suite, il convient de garder le rhizome dans un sachet plastique avec de la tourbe humide.
On préparera donc le trou de plantation à l'avance en incorporant l'engrais (fumier, engrais composé mais aussi un bon engrais organique à décomposition lente comme la corne broyée).
À la différence des"iris de jardin", les spurias doivent être recouverts de 2 à 3 cm de terre environ.
Ne pas oublier d'arroser abondamment, même s'il pleut, pour tasser la terre et éviter les poches d'air, puis de façon régulière jusqu'à la reprise.


      • l'entretien : il faut veiller les deux premières années surtout, à ce que la plante ne manque pas d'eau pendant les périodes de sécheresse. Pour le reste l'entretien se borne à enlever les feuilles sèches en été, à couper les tiges florales fanées (pour éviter les semis spontanés) et à distribuer un peu d'engrais au début du printemps et à l'automne (une poignée autour de chaque touffe). Pour autant qu'on évite l'excès d'azote, les spurias ne sont guère sujet aux maladies, les feuilles sont rarement tachées, ce qui fait que, même défeurie, la plante garde un intérêt décoratif.




Les spurias aujourd'hui


Les espèces


Les spurias actuels sont le résultat d'hybridations à partir des différentes espèces : iris spuria maritima, iris orientalis, iris ochroleuca.

Iris spuria maritima (Photo David Delon Wikipedia)

Iris Spuria Orientalis (Photo Denis Prévôt (Wikipedia))











'Always A Mystery' (Anna & David Cadd, R. 2002). Photo TWiki


les variétés modernes


A l'issue de croisements multiples entre espèces, puis entre hybrides, les producteurs ont amélioré la forme, la floribondité et crée de nouvelles couleurs. Au blanc et jaune et au bleu dominants, sont venus s'ajouter le rouge, le bronze, le rose et toutes les nuances de bleu renforcées par la couleur du signal (la tache sur les sépales)










Photo J. Boulon (sur le site de la SFIB)
Les producteurs Français se font peu frottés à l'hybridation : à la fin des années 1980, Pierre Anfosso (Iris enProvence) a crée plusieurs beaux spurias (qu'on peut encore admirer sur le blog de Laure Anfosso : http://iris-en-provence.fr/?cat=44 ). Malheureusement, à ce jour, ils ne sont plus commercialisés.
Lawrence Ransom (Iris au Trescols), dont on connait la rigueur et l'exigence, a mis à son catalogue cette année trois obtentions issues d'un croisement avec pour mère Iris ochroleuca Gigantea, une espèce de taille impressionnante et pour pères des des iris isus de graines provenant du jardin du Dr Segui.
Le résultat est plutôt une réussite, qu'on en juge : 
Eclatant (Photo L. Ransom)


André Cavaillé (Photo L. Ransom)

Bienvenue (Photo L. Ransom)

Où trouver des spurias ?


En France :


On trouvera les trois variétés ci-dessus chez Iris au Trescols ( http://iris.au-trescols.net/wp2/ ).

Le catalogue de Richard Cayeux ( http://www.iris-cayeux.com/index.php ) offre quant à lui une dizaine de variétés issues de producteurs américains.

Les "Iris du moulin de Kervin" en Bretagne : (http://iris-de-bretagne.imingo.net/) en proposent 6, la plupart dans les tons bruns.

Chez "Senteurs du Quercy" (ttp://pack.aspeco.net/pepiniereiris/1594/boutique/col394/iris_spuria394.htm)
 on trouvera  Marilyn Holloway, Sierra Nevada, Ila Crawford
Aux Pays-Bas
Chez Marianne Joosten (http://www.kwekerij-joosten.nl/text/index1.html) ['catalogus' puis 'iris overidge'] cinq variétés : INNOVATOR, HIGHLAND LAVENDER, JUBILANT SPIRIT, MISSOURI BEAUTY, NORTHERN MOSE 


Aux Etats-Unis :


Les hybrideurs américains sont les plus productifs et, en la matière, donnent le ton. Une société d'amateurs, la SIS [Spuria Iris Society] ( http://www.spuriairis.com/index.htm) propose, outre une intéressante galerie de photos, une liste des producteurs avec indication de leur site.

A noter qu'il est possible, si la demande est suffisante, de participer aux commandes groupées de la SFIB (seule condition : être adhérent). Cette solution permet de partager les frais conséquents des certificats phytosanitaires et de ne pas s'encombrer des formalités d'importation. Ce qui rentabilise avantageusement l'adhésion à la SFIB qui offre par ailleurs de nombreux autres centres d'intérêt. (http://www.iris-bulbeuses.org/ )






mercredi 23 novembre 2011

Quels remontants ? Pour qui ?

Encore les remontants !


Cette livraison doit beaucoup aux contributions des amis de la SFIB qui m'ont fait part de leurs expériences en la matière. Qu'ils en soient remerciés. Ceci complète par l'exemple et quelques illustrations, les éléments avancés la semaine dernière. La réflexion reste ouverte…


Ce blog est en effet le vôtre. Vos observations sur les remontants fidèles, occasionnels ou furtifs, permettent de mieux comprendre les mécanismes à l'œuvre dans le phénomène de remontée, ainsi que la complexité de la chose. Pour ne prendre qu'un exemple, Jurassic Park, que nous voyons ici en fleur en octobre au jardin botanique de Tours :


                 Iris remontant
semble de remontée très moyenne dans la région de Hyères, comme me le fait remarquer Laure Anfosso.




Vos remontants préférés ou fidèles

      Région Centre


Photos Jérome Boulon
Toujours au Jardin Botanique de Tours, ces photos d'iris sans indication de nom ! Un comble pour un jardin botanique…
Il semble que le premier pourrait êttre Cayenne Capers et le dernier Autumn Circus. Si quelqu'un a une idée pour les autres …

 Pour Sylvain, Lichen (Monty Byers 1988) est un remontant assez régulier. C'est un iris dont la couleur peut varier du gris clair jaunâtre au gris verdâtre, ou comme sur la photo jaune citron lavé d'une touche verdâtre. Sa parenté (Spirit of Memphis X Earl of Essex) laisse paraître l'influence de Spirit of Memphis pour le coloris. Earl of Essex, un plicata violet est-il responsable des gênes influant sur la remontée ? On constate en effet l'importance des plicatas parmi les remontants et 'Earl of Essex' n'est pas le dernier à refleurir.
Photo Sylvain Ruaud


Dans mon jardin, seuls les plicatas ont daigné montrer leurs fleurs en cet automne (Autum Circus, Belvi Queen (un increvable qui refleurit en trois endroits distincts))


En Sologne, une remontée assez forte de Foxy Lady ( John Nelson 1988) : 


Photo J.F.


 Un coloris rose et chamois issu d'une lignée qui comprend : 'Private Label' X ('Buffy' x ('Glacier Sunset' x 'Burnished Rose'))


Nordica (William Maryott 1991) Un blanc voyant à barbe rouge issu de  ('Radiant Energy' et 'Oktoberfest') deux iris du même Maryott qui ont comme parent commun Hindenburg présenté parfois comme remontant. 


Photo J.F.

mais aussi, Champagne Elégance, English Charm, Mariposa Autumn, Mother Earth, Nicole Prud'homme, Stairway to Heaven, Tennisson Ridge, Time and Again…







 Photo J.F.
'Stairway to Heaven' (Lauer 1993). Un iris qui n'est pas généralement présenté comme remontant, qui ne manque pas de classe et offre une forme moderne. Il a reçu la médaille de Dykes 2000.



Time and Again (Ben Hager 1991) Photo Nola's Iris Garden (TWiki)





   •Dans la région méditerranéenne


Laure Anfosso (Iris en Provence) m'a fait part de ses observations que je vous livre comme telles :

-          Bonne remontée :


 AUTUMN ECHO - BLATANT- CAMEO BLUSH – CEE TEE – EARL OF ESSEX – MIDNIGHT CALLER – PINK ATTRACTION – PURE AS GOLD – REDELTA – STARSHIP - WHITE REPRISE – WIND OF CHANGE et WINESAP, 


dans les Intermédiaires ANGEL HEARTS et  SEASON TICKET? et dans les nains BABY PRINCE, DOUBLE BYTE, GOLDEN CHILD et SENECA REBOUND.
Seneca Rebound (Dana Borglum. 1995)  Photo TWiki
-          Remontée moyenne


CHAMPAGNE ELEGANCE – CHINA NIGHTS – CLARENCE – DOUBLE BUBBLE – DOUBLE CLICK – DOUBLE VISION – ENGLISH CHARM – FOXY LADY – MOTHER EARTH
Photo J.F.



 – PAPILLON D’AUTOMNE - RETURN TO SENDER – SPIRIT OF MEMPHIS - VIRGINIA BAUER – VIVA MEXICO.





-          Remontée très moyenne
BONUS LITE – JURASSIC PARK – ROMAN CARNIVAL.




   •Dans le Sud Ouest

St Petersburg
Rosalie Figge
Autumn Circus


Mariposa Autum ( Tasco 1999) avec encore comme parent Earl of Essex



Photo Clusiana
Buckwheat (Monty Byers, 1988) issu comme Lichen (auquel il ressemble beaucoup) de Spirit of Memphis croisé avec 'Soap Opera' de Ghio qui possède des caractères remontants.
Photo Clusiana

En Auvergne

'Clarence' - (Zurbrigg 1990) Un remontant plein de grace et très lumineux


Photo TWiki
'Iceland' - Byers 90,
'Jean Guymer' - Zurbrigg 76,
'Northward Ho' - Zurbrigg 90, Un joli plicata couleur fraise, de forme assez moderne.


'Summer Holidays' - Zurbrigg 79'
Photo Nola's Garden (TWiki)
'Tommorow's Child'- Blyth 81,
'Winterland' - Byers 89, 
'Zurich' - Byers 89.

  •En Normandie

 Rosalie Figge fleurit régulièrement. Rappelons que cet iris (voir photo dans le blog de la semaine précédente) assez constant est issu de deux solides iris à dominante bleu violet ('Titan's Glory' X 'Violet Miracle')


  •Signalons enfin, que nos amis "montagnards, qui se désolent de la courte saison végétative qui rend souvent difficile toute remontée voient parfois fleurir Early Frost un iris intermédiaire blanc (Gatty 1976) de forme élégante :
Photo TWiki
et un iris nain, déjà "historique" : 'Lieutenant de Chavagnac' (Charles André 1926)
Photo de Jean Peyrard (sur le site de la SFIB)
Pour l'historique de cet iris voir sur le site de la SFIB :
http://www.iris-bulbeuses.org/iris/Lieutenant-Chavagnac.htm


Peut-on identifier des régions en fonction du critère de remontée


Le succès dépend de plusieurs facteurs, nous l'avons dit : de la variété et de son patrimoine génétique, de la nature et de la qualité du sol (difficile de réussir des iris dans une terre acide), de l'exposition (pas de floraison à l'ombre dense), mais aussi des conditions climatiques générales et de la météo de l'année.
La France pour avoir un climat d'ensemble tempéré n'en connaît pas moins des variations fortes, en fonction de l'altitude ou de la pénétration des influences océaniques.
Peut-on, comme on le fait aux Etats-Unis définir des grandes régions aux caractéristiques singulières ? Tout d'abord, il faut comprendre que les grandes zones nord-américaines n'ont guère de validité pour notre pays. La disposition très particulière du relief nord-américain fait que les masses d 'air froid venues des pôles pénètrent sans rencontrer d'obstacle jusqu'à la Louisiane en hiver. Inversement, les tempêtes tropicales balaient les grandes plaines du Middle West à la fin de l'été. Seule peut-être la Californie pourrait trouver une correspondance dans le Sud-Est méditerranéen (Languedoc, Provence Cote d'Azur). 
On peut néanmoins essayer de distinguer 6 grandes zones : le Massif Armoricain, le quart Sud Ouest, Le sud-Est avec le littoral méditerranéen, le Centre de la France (une vaste zone qui correspondrait à la région Centre et à l'Ile de France), le Nord Est et enfin les pays de moyenne montagne. Mais la pertinence de ce classement reste à établir en fonction des observations. Pour l'heure nous n'en n'avons pas suffisamment pour étayer valablement un classement régional. 


Les conditions d'une bonne remontée


Tous les heureux possesseurs de remontants insistent sur l'importance de l'humidité estivale (soit naturelle, soit par irrigation). Là où les étés sont torrides (Ardèche, Touraine parfois) sans arrosage pas de remontée.
La plupart ajoutent un fertilisant (voir les conseils dans leblog précédent). J'ai constaté que des iris vagabonds qui s'étaient aventurés dans les graviers de l'allée, montraient une tendance plus soutenue à croître et à refleurir. Ce qui s'explique sans doute par le fait que les graviers emmagasinent la chaleur la journée etla restituent ensuite, provoquant un effet semblable à une plantation le long d'un mur bien exposé.  On déconseille généralement le paillage qui empêche le rhizome de recevoir le soleil. Je me demande et je vais l'essayer, si l'utilisation de paillettes d'ardoise (c'est très décoratif) n'aurait pas la même infleunce.


à suivre donc…




Merci encore à toutes celles et à tous ceux qui ont eu la gentillesse de me faire part de leur expérience et de m'autoriser à utiliser leurs photos. Les miennes sont de même libres de droit.


Automne doux, vigilance nécessaire


Les conditions météorologiques exceptionnelles de cette année ont des effets positifs spectaculaires : croissance et refloraison exceptionnelle, mais aussi des effets pervers :
    -une poussée d'hétérosporiose qui n'épargne pratiquement rien. Alors que normalement, à cette époque, les traitements sont devenus inutiles, il ne faut pas hésiter si nécessaire à intervenir : enlever systématiquement les feuilles atteintes et couper le feuillage malade. Traiter à la bouillie bordelaise ou avec un fongicide systémique. [De plus en plus de produits sont aujourd'hui interdits (le Mancozèbe vendu sous la marque Dithane M 45 sera introuvable à la fin du mois)].
    -des attaques de pourriture bactérienne inopportunes à cete saison. Ce matin, dans mon jardin c'est au tour de 'Fancy Woman' récente acquisition dont je ne sais pas si je parviendrai à sauver  un morceau. La maladie insidieuse ne se voyait pas. C'est en tirant sur une feuille tachée que j'ai constaté les dégats. Ne pas relacher la vigilance!!



mercredi 16 novembre 2011

Des Iris en Automne…

Les Iris remontants


Autumn Circus (Ben Hager 1990) Photo prise dans mon jardin (15/11/2011)

Les Américains les appellent « rebloomers » c’est à dire des iris qui "refleurissent".
Qui ne s’est pas désolé en effet de la brièveté de la floraison des iris : un éclat somptueux au printemps, puis plus rien. Des champs de "poireaux" parfois enlaidis par les taches du feuillage. Aussi se prend on à rêver d'iris qui fleuriraient tels des rosiers du printemps jusqu'aux premières gelées.
Pour l'instant, ce n'est qu'un rêve… Mais il existe quand même des iris qui peuvent fleurir plusieurs fois dans l'année, prolongeant ainsi le plaisir d'iris.


Qu'est-ce qu'un iris remontant ?

Pour faire simple, sans trop déformer la réalité, on dira qu'un iris est remontant quand, dans la touffe qu'il a formée, une nouvelle tige florale apparait après une première floraison printanière.
Et c'est là que les difficultés commencent  !
• Certains iris présentent en effet la particularité de pousser une ou plusieurs nouvelles tiges florales sur le même rhizome après une première floraison prolongeant ainsi d'un mois ou plus la période de floraison. 
Les americains appellent ces remontants des "repeaters"
• Mais la plupart du temps, les remontants offrent une deuxième floraison pendant l'automne ou au début de l'hiver dans les régions les plus clémentes. Cette fois il s'agit d'autre chose : Cette deuxième floraison a eu lieu sur des rhizomes nouveaux (pousses latérales) qui se sont développés rapidement (en moins de temps que pour un iris normal). Ce sont là sans doute les "vrais" remontants.
• On rencontre enfin des variétés qui sont susceptibles de porter des tiges tout au long de la saison (ce sont les All Season Rebloomers). Il faut pour cela des conditions de climat et de culture particulières en plus des spécificités variétales. On ne risque pas de les rencontrer dans les régions où les nuits d'été sont chaudes, ou dans celles où les hivers sont très rigoureux.

Le phénomène de remontée présente une particularité : là où les iris "normaux" nécessitent une période de froid pour induire la floraison (vernalisation), les remontants n'en ont pas besoin. Néanmoins, il semble que la fraîcheur des nuits l'automne favorise la remontée.
On pense qu' à défaut d'un gène particulier qui caractériserait les remontants, un groupe de gènes serait en cause qui rendraient inactif le gène dominant commandant la vernalisation. D'autres explications mettent en cause la production d'hormones (acide abscissique) et bien d'autres facteurs, comme la vigueur de l'hybride et sa capacité à porter à maturité des rhizomes pendant la saison végétative …

Des conditions de culture particulières

Ce qui est certain, en effet, c'est que les conditions de culture et le climat jouent un rôle décisif dans la remontée des iris.
Dans les pays de grand froid, il y a peu d'espoir de voir remonter autre chose que des saumons…
Donc, ne nourrissons pas de fol espoir : on n'a guère de chance de voir refleurir des iris à haute altitude dans les Alpes septentrionales.
Comme les conditions de culture des remontants sont particulières, on peut suggérer de les planter à part avec :
    • un emplacement ensoleillé.
C'est vrai pour tous les iris, mais ça l'est davantage encore pour les remontants. Une exposition sud est préférable et plus encore une plate bande adossée à un mur (qui renverra la chaleur).

    • une terre plus nourricière et des arrosages plus fréquents.
Les remontants ne nécessitent pas de période de dormance comme les autres iris d'où la neccessité d'arrosages plus fréquents en période sèche et de fertilisation plus soutenue : à la plantation un bon engrais de fond (on conseille le mélange à parts égales d'un engrais à faible pourcentage d'azote (5/10/5) et de superphosphate (0/45/0)). Après la floraison printanière, distribuer autour des touffes une poignée d'engrais de type 3/6/9, et en juin et à l'automne un engrais foliaire une fois par semaine.
On a mis l'accent sur le rôle du feuillage dans l'induction de la seconde floraison : les iris dont on a coupé les feuilles en été refleurissent rarement.

Enfin les remontants, puisque leur croissance est plus rapide et plus importante nécessitent une division des touffes plus fréquente pour bien refleurir.
Ajoutons qu'il est conseillé de couper les tiges qui n'ont pas fleuri dès lors que le gel les a frappées pour éviter toute pourriture.

Les meilleurs remontants (1)

      • Disons le franchement, les anciens remontants souffraient de quelques défauts :
                 - des couleurs peu variées
Lugano (Cayeux 1948-1959) est un blanc à la barbe et aux épaulements jaune qui fut sans doute pour beaucoup le prototype des iris remontants présent encore dans de nombreux jardins

Lugano (Photo Clusiana)


                 - une forme pas toujours parfaite, comme on le voit sur la photo ci-dessous : pétales trop ouverts et sépales "en oreille de cocker"

 (Belvi Queen Jensen 1975)
                - une écrasante domination du type "plicata"

Cayenne Capers (Gibson 1959)  Photo Clusiana

Cayenne Capers a suscité à son apparition un réel engouement. L'originalité du coloris et la bonne tenue de la fleur y sont pour quelque chose, ainsi que le fait qu'il est un solide remontant

Les défauts de forme et le manque de variété des remontants "historiques" étaient excusés par la fidélité de leur retour automnal et leur résistance. 'Lugano' comme Cayenne Capers continuent d'égayer le décor automnal de nombreux jardins.

      • Aujourd'hui on peut trouver des variétés qui n'ont rien à envier aux stars du printemps :

Immortality (Zurbrigg 1982), un blanc à la forme parfaite


St Petersburg (Monty Byers 1989), un autre blanc méritant qui a dans sa parenté 'Leda's Lover', 'Sky Hooks' et notre très français 'Condottiere'. Excusez du peu !

St Petersburg (Photo Clusiana)

Pink Attraction (Hall 1987), enfant du célèbre 'Vanity' dont il a hérité le coloris et de 'Jean Guymer' un "everblooming"

Photo Kent Pfeiffer (Twiki)

English Charm (Blyth 1990) un amoena crème et abricot en effet plein de charme mais qui ne refleurit pas partout :

Photo Clusiana


Champagne Elegance (Niswonger 1986)
Là encore, le nom dit tout. Sauf que sa remontée n'est pas constante ! Mais quand il fleurit c'est une merveille de délicatesse.
Champagne Elégance (Photo J.F.)

Pagan Dance (Blyth 1990) une fleur qui ne passe pas inaperçue, du grand hybrideur australien Barry Blyth :
Photo Betty Jacobs (Twiki)

Rosalie Figge (Mc Knew 1991)

Photo Clusiana

Un remontant réputé qui parfois fleurit en décembre !

Fast Forward (Aitken 2002) un IB qui est à la fois vigoureux, remontant et d'un coloris inhabituel :
Photo JF
Pour en savoir plus 

Il existe aux Etats Unis une société d'amateurs essentiellement consacrée aux iris remontants : la "Reblooming Iris Society" (http://www.rebloomingiris.com/) qui a publié un répertoire des iris remontants, disponible en version papier au prix de 22 $ ou sous forme de CD pour 20 $ (+ frais de port). Cette "checklist" comporte 2200 variétés censées refleurir.
De nombreux catalogues proposent des iris remontants. A choisir en fonction de la région de plantation.  (voir la liste sur le site de la SFIB [lien ci -contre])
Aux Etats-Unis certains producteurs hybrideurs comme Spoon introduisent et commercialisent de nombreux remontants. A défaut de pouvoir les acheter [la SFIB organise des commandes groupées pour ses membres chez certains producteurs américains] on peut toujours feuilleter le catalogue en ligne et puiser d'interessants conseils : http://www.winterberryirises.com/

La semaine prochaine…


Nous poursuivrons l'inventaire des remontants en fournissant une liste des variétés classées par régularité et floribondité.
Nous essayerons de déterminer les principales zones climatiques de France avec les variétés les mieux adaptées. Vos observations et suggestions seront les bienvenues. Elles seules permettront de dresser un panorama acceptable de la question.

Merci à celles et à ceux qui m'ont autorisé à utiliser leurs photos. A bientôt

jeudi 10 novembre 2011

Préparer l’été


Préparer l’été



'Reversi'   (Sutton 2006) 


Le titre peut paraître bizarre, alors que tous les amateurs d'iris attendent avec impatience le printemps qui va voir fleurir les nouvelles acquisitions ou les "bébés" issus d'une savante hybridation.
Pourtant c'est bien maintenant qu'il faut préparer son sol pour y planter de nouveaux iris l'été prochain où y déplacer ses cultures.

Quel sol pour nos iris ?

On lit souvent que l’iris se plait en tout sol. Certes c’est une plante très tolérante, mais il faut y regarder de plus près !
Dans tous les sols ou presque on peut cultiver des iris. Le « presque » concerne pour les iris « barbus » les sols humides voire fangeux ainsi que les sols trop acides. Dans les premiers ils pourriront, dans les second ils se développeront peu et fleuriront mal, s’ils fleurissent.
L’iris est globalement une plante plutôt calcicole qui préfère les sols alcalins aux sols siliceux.
De même qu'on goûte sa soupe avant de remettre du sel, avant de planter ses iris, on cherche à connaître son sol, sa nature, sa composition, sa fertilité, plutôt que d'y déverser à l’aveugle des engrais et amendements divers.

Connaître son sol

Est-il « lourd », « léger », sableux. Est-il neutre, acide ou alcalin ? Quel est son PH ?
Bien sûr si déjà des iris y poussent  et croissent sans problème vous pouvez passer à la rubrique suivante, encore que…

Qu’est-ce qu’un sol ?

   Un sol, c’est ce qui s’est développé par dégradation ou (et) accumulation sur la roche mère. Ce sol peut être plus ou moins profond (de quelques centimètres à plus d’un mètre). Il est généralement composé de deux « horizons » : l’horizon superficiel ou couche arable, riche en humus et qui concentre l’essentiel de la vie microbienne et animale. L’horizon inférieur de même nature mais ne contient pas d’humus.
Plus le sol est « profond », plus les possibilités de culture sont étendues.
Le sol va se caractériser enfin par sa composition chimique, sa granulométrie et sa perméabilité.

    Nature et composition chimique du sol.

Un sol est le plus souvent complexe. Une terre de jardin comprend en général 3 ou 4 éléments : de l’humus (de couleur brune ou noire) du sable, de l’argile, du calcaire dont la présence importante setraduit par une coloration blanchâtre du sol.
Ce sont les proportions de ces éléments qui peuvent varier considérablement. Les sols trop riches en humus ont une dominante alcaline peu propice aux iris. Les sols trop argileux retiennent l’eau en hiver et provoquent l’asphyxie des racines. Les sols trop sableux sont pauvres et ne retiennent pas bien l’eau en été, nécessitant des arrosages fréquents par temps sec.
L’idéal est une terre équilibrée (par exemple 10% d’humus, 10 à 20% de calcaire, 20 à 30 % d’argile et le reste de sable). Mais l’équilibre idéal n’est pas toujours atteint, et quand c’est nécessaire, il convient d’amender le terrain.
On reconnaît un sol argileux à deux caractéristiques simples : l’eau y stagne, la terre l’absorbant mal ou lentement. Collante en hiver, la terre forme un bloc sec et fissuré en été.
En fait on peut connaître la nature de son sol de plusieurs façons :
        -on prélève une poignée de terre humidifiée que l'on presse fort dans sa main et qu'on laisse ensuite retomber sur le sol. Si la terre reste compacte c'est que le sol est argileux, si la boule se désagrège c'est que le sol contient une forte proportion de sable.
         -on regarde la végétation qui pousse spontanément : la présence de renoncules (boutons d'or) indique un sol argileux, des fougères aigle et de la bruyère un sol acide. 
         -on peut affiner l’analyse en versant un litre d’eau dans un bocal transparent puis environ une livre de la terre du jardin : secouer, laisser reposer. Au bout d’une journée, la terre se sera déposée par couches successives : les éléments grossiers et le sable au fond, puis l’humus et enfin les particules fines d’argile. On peut ainsi avoir visuellement une idée des proportions de chaque composant, des manques et des amendements à apporter      .
         -on peut enfin avoir une idée  de l’acidité du sol en utilisant du papier réactif (type papier tournesol ou papier PH) qui sert à mesurer le P.H. (potentiel hydrogène) exprimé par un chiffre de 4 à 8. Plus le chiffre est bas, plus le sol est acide, plus il est élevé, plus il est alcalin. Pour les iris un sol de pH 6 à 7,5 est idéal.
         -si on répugne à toutes ces manipulations, on peut en confier le soin à un laboratoire spécialisé (voire à une jardinerie) qui fournira l’analyse du sol, déterminera ses manques et les amendements nécessaires.

Corriger son sol

1-   Les « amendements »

Ce constat fait, on améliorera un sol trop acide ou sableux à l’excès par l’apport de calcaire sous forme broyée s’il y en a à proximité, de marnes ou de varech (même remarque) ou plus simplement de chaux dite « agricole » qui est de la chaux éteinte.
Le chaulage doit être pratiqué en connaissance de cause et avec modération, de préférence sur un sol nu. On utilisera de 10 à 20 kg de chaux par are à l’automne avant bêchage, la quantité variant en fonction de l’importance de la correction nécessaire.
La chaux « mangeant » l’humus, on évitera de faire un apport de fumier ou de compost en même temps.

Un sol trop lourd pourra être corrigé par l’apport de sable et de compost. Ce dernier élément est un améliorateur universel des sols. Cela étant, s’agissant des iris, il importe d’incorporer le compost en quantités raisonnables et longtemps avant la plantation pour éviter un enrichissement excessif en azote qui favoriserait bactéries et pourritures.
        
         2-Les engrais

Dans un sol équilibré, ils ne sont pas nécessaires, sauf en entretien (une poignée par touffe au démarrage de la végétation et après la floraison). En règle générale, lors de la préparation du terrain, on enfouira un engrais composé pauvre en azote et riche en phosphore et en potasse (les lettres P et K sur les sacs d’engrais). On préférera un engrais organique (type corne broyée) dans la mesure du possible. Sinon un engrais du commerce du type 0/10/20.

Préparer son sol

Le sol sur lequel on va planter ses iris doit être propre (débarrassé de ses mauvaises herbes) et sain.


Retourner ou pas son sol ?

La question hier saugrenue, divise aujourd’hui les jardiniers. Les tenants du labour disent qu'il faut retourner la terre d'un fer de bêche, afin d'éliminer les mauvaises herbes et de l'aérer. Pas du tout répliquent les jardiniers bios : en retournant la terre vous enfouissez l'horizon superficiel du sol (la couche d'humus) siège de la vie bactérienne et de nombreux organismes qui constituent l'élément vivant du sol.
Ainsi de plus en plus voit-on les jardiniers adeptes des méthodes douces préconiser l'usage de la grelinette qui aère le sol sans le retourner. La grelinette ( marque déposée) est une sorte de fourche à 4 dents pourvue de deux manches et qu'on manipule d'avant en arrière sans soulever la terre. Très bon pour le dos !




Fourche à bêcher Ducoterre (image Wikipedia)





la fourche à l'œuvre  (image Wikipedia)

Cette méthode « douce » suppose de fréquents passage et un arrachage des adventices (les 'mauvaises herbes' qui n'ont pas toutes mérité ce nom infâmant)
Pour le jardinier traditionnel, un retournement du sol à la fourche bêche ou au motoculteur s'accompagnera d'un enrichissement du sol.
Pour les amateurs des cocktails chimiques ou les jardiniers fatigués, le désherbage pourra se faire en utilisant, par temps sec, une solution de glyphosate qui est un désherbant de contact (et ne détruit en conséquence que ce qu’il touche). J’ai pour ma part de fortes préventions contre le glyphosate présenté par Monsanto comme un désherbant entièrement biodégradable. Dans sa 'version Monsanto' (le célèbre et onéreux Round Up), ce qui a été mis en cause par certaines études scientifiques, c’est l’adjuvant (agent mouillant) qui aurait des effets tératogènes. De toute façon la molécule de glyphosate a un effet néfaste pour les organismes aquatiques et déforme les fleurs d’iris dès lors qu’une goutte du produit a touché un rhizome. 


Donc, si on peut éviter, c’est mieux. Ce point de vue n'engage que moi !

Une fois le sol travaillé, il n'est pas conseillé de le laisser nu, car il est ainsi exposé au lessivage qui entrainera les éléments fertilisants en profondeur sans profit pour les plantes. Il est alors judicieux de semer un engrais vert, comme la moutarde qui a l'avantage de pousser vite, de désinfecter les sols et de constituer un engrais efficace. On coupe la moutarde quand elle a atteint 20 cm et on la laisse se décomposer sur le sol. Cela se fait de préférence en septembre. Aujourd’hui, il est un peu tard.
On peut aussi "pailler" le sol. On évitera le BRF (bois rameal fragmenté) qui demande du temps avant de se décomposer et les écorces de pin qui acidifient le sol. On lui préférera des paillis de lin ou de chanvre qu'on incorporera en fin de printemps.


Ainsi votre sol est prêt à accueillir vos nouvelles acquisitions ou les iris que vous dédoublerez cet été !


Les iris remontants


Jurassic Park (octobre 2011 Jardin botanique Tours)

Le climat clément de ce bel automne (ici) favorise la "remontée" des iris.
On appelle "remontants" des iris capables de fleurir deux fois : au printemps, comme il est d'usage et en automne, ce qui reste assez rare.
La plupart du temps, seules certaines variétés présentent des gênes qui favorisent cette seconde floraison. Parfois des iris qui ne sont pas habituellement remontants fleurissent une seconde fois, comme cela a été le cas dans certains jardins cette année.
Quand on dit qu'un iris "refleurit", cela veut dire que le rhizome principal (qui a fleuri en mai) a donné naissance à des rejetons qui ont grossi suffisamment pour porter des fleurs en automne.
Certains en tout cas remontent régulièrement comme celui-ci, (dans mon jardin). Il n'est pas particulièrement original, mais au moins il fleurit !

On en reparle la semaine prochaine !







Belvi Queen (Jensen 1975)